Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Un immense chercheur pour expliquer l’infiniment petit Néoules
Le prix Nobel 2016 de chimie, le Français Jean-Pierre Sauvage, animera, vendredi à 18 h 30, une conférence scientifique « à la portée de tous » sur les nano-machines
Il croule sous les sollicitations. Enchaîne les conférences et interventions à travers le monde. Mais ne s’interdit pas un détour par Néoules. Jean-Pierre Sauvage, le prix Nobel 2016 de chimie, sera vendredi à la salle des fêtes pour présenter au grand public le fruit de quarante de travaux. Ce« génie de la synthèse moléculaire », invité par le scientifique néoulais Marc Ledoux qui l’a longtemps côtoyé à l’université de Strasbourg, est en effet « le père fondateur des techniques des nano-machines. » Un ponte unanimement reconnu dans son domaine, récompensé avec ses co-lauréats Fraser Stoddart et Bernard Feringa pour avoir développé les plus petites machines du monde. Des molécules au mouvement contrôlables, qui peuvent accomplir une tâche lorsqu’elles sont mues par de l’énergie… Dès 1983 ,et alors sous la direction de Jean-Marie Lehn (le futur prix Nobel de chimie 1987), Jean-Pierre Sauvage traçait les contours de ses développements futurs. En inventant une méthode chimique permettant d’entrelacer deux molécules en forme d’anneaux, il pouvait élaborer une chaîne composée de différentes parties mobiles les unes par rapport aux autres. Comme pour faire fonctionner n’importe quelle machine. La mise au point du moteur moléculaire, capable par exemple d’imiter le fonctionnement des muscles dans ses détails les plus fins, n’avait dès lors plus rien d’une fiction. Quant aux applications concrètes ? «Elles sont évidentes à l’avenir, dans les domaines de la robotique, de la micro-informatique, de l’intelligence assistée et artificielle », veut croire Marc Ledoux. Des progrès rendus possibles par « la diminution phénoménale de la taille des machines et la multiplication des possibilités de codage. On peut imaginer des ordinateurs d’une puissance encore inconnue de la taille d’une tête d’aiguille ! », s’enthousiasme le chercheur…
La science pour tous
Plus qu’un exposé de recherche fondamentale imperméable aux non-initiés, cette intervention se veut aussi une réflexion sur la future révolution induite par ces percées technologiques. Et ses conséquences éthiques ou philosophiques, « des aspects fondamentaux pour tout chercheur ». En mettant à portée de main du public ce savoir, Marc Ledoux entend aussi réaiguiser l’esprit critique et lutter contre la prolifération d’informations mensongères. «Je ne supporte pas les fake news dont nous abreuvent tant de vecteurs de communication. Au moins la science ne ment pas…» C’était d’ailleurs l’une de ses intentions premières en organisant ces cycles de conférences, que de rendre accessible la science de haut niveau en tout milieu. Notamment rural. Et pourquoi pas à éveiller, chemin faisant, des vocations. Le Néoulais peut pour cela compter sur un carnet d’adresses plus qu’étoffé comme le montre le casting de la douzaine de conférenciers déjà passés par le Val d’Issole. La nanomédecine, la microfluidique, l’archéologie environnementale, la chimie catalytique ou de coordination n’auront bientôt plus de secret pour les Néoulais…