Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
La construction d’un lycée à Montauroux reportée
Annoncée par Christian Estrosi en avril 2017, la construction d’un lycée à Montauroux est finalement renvoyée, pour raisons budgétaires selon la Région, à une date inconnue au calendrier.
Une baisse de dotations de l’État de l’ordre de 35 M€ d’euros en 2018. Or cette somme, c’est le montant pour la construction d’un lycée : voilà en partie l’argument avancé par la Région Paca pour justifier sinon l’abandon, du moins le report à une date ultérieure (mais encore inconnue au calendrier), de la construction d’un lycée dans le Pays de Fayence. Personne n’a oublié l’annonce de Christian Estrosi, alors président de la Région, venu en avril dernier « survendre » le projet de lycée aux élus locaux et plus encore aux parents d’élèves, qui avaient accueilli la nouvelle avec un grand soulagement. Les travaux, sur le terrain mis à disposition par la commune de Montauroux, devaient débuter à l’horizon 2019, pour une ouverture prévue en 2021.
Le Golf Hôtel de Hyères « priorité »
Avec le changement de présidence, le scénario se fait tout autre : « Le désengagement de l’État a des conséquences directes sur le programme d’investissement de notre collectivité », avance Maurice Battin, conseiller régional délégué aux lycées. Collectivité qui a établi ses priorités en s’appuyant sur les « besoins démographiques. Sur la base des travaux fournis par les autorités académiques et devant l’ampleur de la baisse des dotations aux collectivités, le calendrier et l’ordre de livraison des trois établissements varois a dû être actualisé… » En substance, la reconstruction du lycée du Golf Hôtel à Hyères et d’un lycée dans le centre Var répondent davantage aux besoins démographiques : construit en zone inondable, le Golf Hôtel présente un « risque potentiel pour les élèves » assure la Région. L’établissement professionnel qui accueille plus de 1000 élèves, avait même été inondé en 2014. Sa délocalisation-reconstruction est une priorité. De même la livraison d’un lycée en centre-Var, du côté du Cannet-des-Maures, à l’horizon 2023, répondra à la « situation de tension démographique » de la zone identifiée par le Rectorat. « Concernant le lycée de Fayence, les analyses indiquent une pression démographique moins prégnante avec une perspective de remplissage de l’ordre de 600 élèves pour les années à venir », ajoute Maurice Battin qui maintient que, compte tenu des contraintes budgétaires qui « pèsent sur les finances de la Région », le lycée de Fayence est désormais inscrit comme la « troisième priorité » du Var en matière de construction de lycées. Maurice Battin a reçu lundi soir, en présence du secrétaire général de l’Académie de Nice, les élus du Pays de Fayence pour leur signifier la décision de la Région. Et même si « nous avons convenu de prolonger nos échanges et de prendre, d’ici la fin de l’année 2018, une délibération engageant ce projet de construction qui répond à un enjeu d’aménagement au bénéfice des ter ritoires » (sans donner de date de réalisation Ndlr), cela n’a pas suffi à calmer la colère du maire de Callian et vice-président du conseil départemental.
Le maire de Callian dénonce une « farce électorale »
D’autant moins que François Cavallier n’est pas convaincu par les arguments avancés, tant par la Région que par le rectorat : « Côté Région, on nous oppose la plus grande
urgence de la rénovation d’Hyères et d’un lycée neuf en centre Var. Mais cette situation était connue de tous au moment de l’annonce, et c’est donc à ce moment qu’il fallait le dire au lieu de mentir. Le numéro deux du rectorat soutient de son côté qu’il n’y a que 500 lycéens en pays de Fayence, alors qu’il y en a déjà au moins 824 rien qu’avec ceux que nous transportons, et plus de 900 en tout », écrivait dès hier l’élu sur son compte Facebook, en dénonçant une «farce électorale » et une « manipulation » des élus régionaux sur laquelle «Renaud Muselier aura à répondre ». Le post de François Cavallier avait, hier en fin d’après-midi, été partagé plus d’une centaine de fois. Parmi les commentaires - nombreux -, celui d’Emma : « Pour nous
futurs lycéens, qui devons nous lever presque à 5 h du matin pour avoir un bus et arriver à l’heure en cours dans des lycées à plus de 45 minutes de chez nous, et revenir à 21 h tous les soirs? Honteux et écoeurant… » L’écoeurement, état partagé par bon nombre « d’amis » de l’élu sur le réseau social.
1. Étaient présents René Ugo président de la communauté de communes et maire de Seillans, JeanYves Huet, maire de Montauroux et François Cavallier, maire de Callian et vice-président du conseil départemental. 2. L’annonce de Christian Estrosi avait été faite durant la campagne pour les élections 2017. Il était accompagné ce jour-là du député sortant LR Olivier Audibert-Troin et de son suppléant… François Cavallier.