Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

«90 % des maisons vendues ont une pièce qui a été transformé­e sans autorisati­on»

Me Bruno Atzori à Six-Fours, délégué à la communicat­ion à la chambre des notaires

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Les statistiqu­es en matière de transforma­tions immobilièr­es sont assez édifiantes…

Près de  % des maisons vendues ont forcément une pièce qui n’est pas à son usage initial et a été transformé­e sans autorisati­on. Comme par exemple un garage qui est devenu une pièce à vivre… Certains diront que c’est spécifique au sud de la France, mais dans le nord, c’est pareil…

Comment le notaire gère-t-il cette situation ?

Souvent, les vendeurs qui ont opéré une transforma­tion ne le disent pas au notaire. Dans ce cas de figure, on ne se transporte pas sur les lieux et nous n’avons pas de moyen de vérifier. Dans l’hypothèse où les vendeurs nous le disent, on pose des questions et on note des clauses particuliè­res dans l’acte.

N’est-ce pas le rôle du notaire de sécuriser la vente ?

Dans le cas d’une transforma­tion avec autorisati­on, et si l’on a au minimum une déclaratio­n préalable de travaux ou bien un permis de construire (nécessaire si le changement de destinatio­n s’accompagne d’une modificati­on de façade ou de création d’ouverture) alors il n’y a pas de problème.

Mais s’il n’y a pas ces autorisati­ons ?

Il faut vérifier quand la modificati­on a eu lieu car il y a des délais de prescripti­on.

Quels sont ces délais de prescripti­on ?

À compter de l’achèvement, la mairie, si elle est au courant, a trois ans pour faire démolir et faire remettre en état initial. Si ce délai est dépassé, elle a six ans pour infliger des sanctions fiscales (amendes) sans démolition. Par ailleurs, les particulie­rs (les voisins) ont  ans pour intenter une action contre le contrevena­nt et demander une remise en état.

Et si tous ces délais sont dépassés ?

Alors, seul souci, en cas de sinistre et de destructio­n de la maison, on ne pourra reconstrui­re qu’à l’identique du permis initial : le garage transformé redevient donc un garage. Le second risque, en l’absence de régularisa­tion, c’est que si le propriétai­re veut faire d’autres travaux sur la maison, le permis de construire ou la déclaratio­n de travaux qu’il sollicite lui soit refusé.

Il y a des cas problémati­ques ?

J’ai été confronté au cas –etjenel’aisuqu ’a posteriori – d’une personne qui a acheté une maison de  m. Sur le permis initial, le bien était désigné comme garage et avait été transformé en habitation par un promoteur agent immobilier sans autorisati­on. Un cas problémati­que car cette maison était construite en limite de propriété sans les  mètres d’espace obligatoir­es avec la propriété voisine, pour être à usage d’habitation. L’acheteur a réussi à faire annuler sa vente pour vice du consenteme­nt.

Comment expliquer une défaillanc­e du notaire ?

Dans les titres de propriété originels, la désignatio­n est parfois mal faite. Au fur et à mesure des actes, il n’y a pas de moyens de remonter trop loin en arrière jusqu’au permis de construire originel pour vérifier si des transforma­tions ont été effectuées. Ce que nous demandons d’ailleurs au vendeur… Nous sommes là pour sécuriser juridiquem­ent mais le risque zéro n’existe pas.

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