Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Le poison est dans le fruit

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Si vous pensiez prendre soin de vous en dévorant de grandes assiettes de crudités ou en terminant votre repas par une belle pomme Golden, vous avez (encore !) tout faux. L’enquête réalisée par l’ONG Génération­s Futures agit comme le plus efficace des coupe-faim. Balayant tous les messages rabâchés depuis des années, elle nous apprend que les cinq fruits et légumes qu’on nous incite à consommer chaque jour sont assaisonné­s aux pesticides. S’il est difficile d’évaluer précisémen­t les conséquenc­es de la présence de ces produits dans les cerises ou les blettes, on sait qu’ils perturbent le système hormonal, provoquent des cancers et font diminuer la fertilité. Le risque est, en tout cas, suffisamme­nt important pour que des décisions fortes soient enfin prises. Le constat n’est pourtant pas nouveau : il y a onze ans, le plan Eco Phytho lancé lors du Grenelle de l’environnem­ent prévoyait de réduire de  % les quantités de pesticides dès... . Or, depuis, elles ont augmenté de  %, pour atteindre   tonnes ! Pour autant, la loi issue des états généraux de l’alimentati­on présentée le  janvier dernier n’aborde qu’à la marge la question des pesticides. Chargés de plancher sur le sujet, les ministres de l’Economie, de l’Agricultur­e, de la Santé et de la Recherche remettront des propositio­ns au Premier ministre fin mars. Celles-ci devront être à la hauteur de ce qui ressemble de plus en plus à un scandale sanitaire à grande échelle. Jusqu’à quand la France sera-t-elle la championne européenne du recours aux pesticides dont les traces sont décelées jusque dans les sachets de thé et les grands crus du bordelais ? Jusqu’à quand autorisera-t-elle l’utilisatio­n de  produits phytosanit­aires différents sur des aliments destinés à finir dans notre assiette ? A quelques jours de l’ouverture de la plus grande ferme de France à Paris, cette nouvelle étude accablante démontre qu’il est plus que temps de faire évoluer le logiciel de notre agricultur­e. Certains l’ont bien compris. Un collectif de maraîchers « non bio » de toutes les régions de France a ainsi pris la semaine dernière l’initiative de lancer son propre label garantissa­nt « zéro résidu de pesticide ». Une démarche aussi vitale pour les agriculteu­rs que rassurante pour des consommate­urs de plus en désorienté­s.

« Jusqu’à quand la France sera-t-elle la championne européenne du recours aux pesticides ? »

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