Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Laurent Wauquiez : «Je suis devenu une cible»

Le président des Républicai­ns ne regrette rien des propos décapants tenus devant des étudiants, sinon ceux contre Nicolas Sarkozy. Il s’est posé, hier soir, en bouc émissaire de médias partisans

- THIERRY PRUDHON tprudhon@nicematin.fr

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out ce tohu-bohu est donc la faute des journalist­es, ceux du moins, soyons précis, qui utilisent «des méthodes de voyous». Quelques heures plus tôt, le président de l’Assemblée, François de Rugy, avait invité Laurent Wauquiez à présenter ses excuses aux Français après les propos, enregistré­s à son insu, cassant pêle-mêle du sucre sur le dos de Macron, Juppé, Darmanin, Pécresse, Sarkozy ou la CPME. On en oublie sans doute… Les excuses, François de Rugy et les Français peuvent continuer à les attendre longtemps. Invité de Ruth Elkrief, hier soir sur le plateau de BFMTV, le nouveau patron des Républicai­ns a choisi d’afficher une cohérence – « J’assume mes propos » – et de contre-attaquer. Il n’a concédé qu’un regret, ses critiques sur Nicolas Sarkozy qui aurait fait contrôler les portables de ses ministres. « J’ai simplement évoqué une rumeur», a-t-il plaidé pour sa défense, réitérant au passage sa « fidélité » de toujours à l’ancien chef de l’Etat. Le reste du temps, le président d’Auvergne-RhôneAlpes a vanté sa capacité à parler vrai. « Oui, on devrait avoir le droit de dire tout ça, j’assume ce que j’ai dit. » Et de se poser en victime, donc, d’un système médiatique partial dont il a instruit le procès en déontologi­e. Annonçant une plainte et la saisine du CSA, Laurent Wauquiez s’est efforcé de renverser la perspectiv­e : « Quel est donc mon grand crime, qui a justifié ce cirque médiatique durant quatre jours ? »

« Démolition »

Car pour lui, aucun doute, les médias ont leur chouchou, en l’occurrence Emmanuel Macron, soumis à un régime de faveur. «Ilya ceux qu’ils [les journalist­es] ciblent et ceux qu’ils protègent », les attaques contre lui servant à ses yeux à faire diversion et à « glisser la poussière sous le tapis ». « Ça ne m’impression­ne pas, ça ne me fera pas reculer » , at-il martelé, confessant « ne pas avoir mesuré le degré de violence et de manipulati­on auquel certains journalist­es étaient prêts à se livrer pour abattre certains politiques. J’ai bien compris que dans ce travail de démolition, je suis devenu une cible ». Pas sûr que cette riposte sur l’air des médias partisans ne fasse pas « pschitt », comme dirait Chirac. François Fillon a mesuré l’an dernier les limites de ce registre. Après s’être fourré tout seul dans une position inextricab­le, Laurent Wauquiez n’avait, il est vrai, aucune échappatoi­re satisfaisa­nte. S’excuser revenait à admettre une bourde monumental­e. En tentant de se faire passer pour un bouc émissaire, il aura simplement réussi à se raccrocher aux branches.

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