Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Le «notaire des stars» mis en examen dans l’affaire Kerimov
Me Alexandre Kurgansky a été placé en garde à vue cette semaine dans un vaste dossier de «blanchiment de fraude fiscale»
Dans le petit monde de l’immobilier de luxe, on l’a surnommé «le notaire des stars ». Alexandre Kurgansky a en effet signé quelquesunes des plus belles ventes de ces dernières années. Souvent avec ces riches oligarques russes capables de débourser sans compter pour s’offrir un pied à terre sur la Côte d’Azur. À l’image de Souleyman Kerimov, ce sénateur originaire du Daghestan, suspecté de s’être discrètement constitué un patrimoine immobilier de plus de 500 millions d’euros au Cap d’Antibes. Ce qui vaut au milliardaire russe d’être mis en examen, depuis novembre dernier, pour «blanchiment de fraude fiscale». Le prix d’achat de l’une des propriétés supposées lui appartenir, la villa Hier, aurait largement été sous-évalué auprès de l’administration.
Une caution de euros
Or Me Kurgansky aurait participé à cette transaction que la justice considère comme suspecte. En milieu de semaine, le « notaire des stars » s’est ainsi retrouvé placé en garde à vue. Son avocat, Me Gérard Baudoux, assure pourtant qu’il «n’a pas rédigé l’acte de vente ni même le compromis; on impute à mon client une complicité qui me paraît totalement contestable» , assure-t-il. Déféré hier soir au palais de justice de Nice, Alexandre Kurgansky a néanmoins été mis en examen pour « blanchiment aggravé de fraude fiscale» dans ce vaste dossier financier. Cette fois, la caution a été fixée à 100 000 euros. Même si le parquet avait requis cinq fois plus, on est loin des 40 millions d’euros (un record national) réclamés il y a quelques mois à Souleyman Kerimov. Tel avait été le prix de la liberté pour le sénateur russe.
Huit heures d’audition
Son présumé «homme de paille», l’homme d’affaires suisse Alexander Studhalter, n’a, quant à lui, pas pu éviter la prison. Placé en détention le 12 janvier dernier, il a vu sa demande de remise en liberté récemment rejetée. Si Alexander Studhalter a quand même pu quitter temporairement sa cellule vendredi dernier, ce n’est qu’à la faveur d’une nouvelle convocation devant les magistrats instructeurs. Trois juges supplémentaires ont été désignés pour épauler Alexandre Julien dans ses investigations. La justice n’entend manifestement pas traîner dans ce dossier. Outre l’audition durant près de huit heures, la semaine dernière, du présumé «homme de paille» de Kerimov et la mise en examen, ce vendredi, du notaire niçois Alexandre Kurgansky, des confrontations pourraient également avoir lieu dans les prochaines semaines entre les différents protagonistes de l’affaire.
Le mars à Aix-en-Provence
L’instruction toucherait alors à sa fin. Le dossier pourrait ainsi être bouclé dès le mois d’avril. Du moins s’il passe l’examen du 8 mars prochain. C’est la date retenue par la cour d’appel d’Aix-en-Provence pour examiner, au cours de la même audience, les nombreuses requêtes, en nullité voire en prescription, déposées par les avocats des mis en cause. La chambre de l’instruction devra alors se prononcer sur la validité de la procédure initiée à Nice. Si la chambre la trouve conforme au code de procédure pénale, on s’acheminera alors vers le renvoi devant le tribunal correctionnel d’un certain nombre de notables qui pensaient sans doute ne jamais s’y retrouver convoqués... Du moins en tant que prévenus. Outre le sénateur Kerimov, son présumé «homme de paille» suisse et les membres d’une riche famille azuréenne, deux avocats, un agent immobilier et, désormais deux notaires sont également mis en examen dans cette procédure.