Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Ghouta toujours sous les bombes, blocage à l’ONU
Les avions du régime syrien ont déversé hier, pour le sixième jour consécutif, leurs bombes sur le fief rebelle de la Ghouta orientale, avant un vote sur une trêve qui se faisait attendre au Conseil de sécurité, incapable jusqu’ici de mettre fin au carnage. Depuis dimanche, 468 civils, dont 108 enfants, ont péri dans de violents raids aériens et tirs d’artillerie incessants menés par l’armée du président Bachar al-Assad contre cette enclave assiégée aux portes de Damas. Prévu hier, le vote au Conseil de sécurité de l’ONU a été repoussé à deux reprises. Alors qu’il devait finalement avoir lieu à 20h30 (heure de Paris), la situation semblait toujours dans l’impasse à 22h30 passées, les négociations se poursui- vant pour éviter un veto de la Russie, allié indéfectible du régime syrien.
Trente-huit morts dont onze enfants hier
Plus tôt, bombes, barils d’explosifs et obus avaient continué à être déversé par le régime dans l’enclave rebelle, faisant hier 38 morts dont 11 enfants, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH). À Douma, principale ville du fief rebelle, des habitants se sont aventurés dans les rues pour acheter à manger pour leurs familles terrées dans les sous-sols, ou s’enquérir de la santé de proches. Mais ils ont dû courir à la recherche d’un abri après de nouveaux tirs de roquettes. Soumis à un siège asphyxiant depuis 2013 par les forces du régime, les quelque 400000 habitants de la Ghouta subissent au quotidien pénuries de nourriture et de médicaments. Le projet de résolution en discussion au Conseil de sécurité réclame un cessez-le-feu de 30 jours dans toute la Syrie, destiné notamment à distribuer de l’aide humanitaire et permettre des évacuations médicales dans la Ghouta orientale. Désormais, les discussions porteraient notamment sur les «garanties» réclamées par Moscou sur le respect d’un cessez-le-feu par les groupes rebelles, dont ceux de la Ghouta orientale.
« Le massacre doit cesser maintenant »
L’exclusion des groupes djihadistes Daesh et al-Qaïda d’un cessez-le-feu est maintenue. À la demande de Moscou, cette exclusion concerne aussi désormais « d’autres individus, groupes, entités associées avec al-Qaïda et Daesh, ainsi que d’autres groupes terroristes désignés par le Conseil de sécurité ». Le président français Emmanuel Macron et la chancelière allemande Angela Merkel ont demandé au président russe Vladimir Poutine d’approuver le projet de résolution. Pour l’Union européenne, «le massacre doit cesser maintenant». Mais dans la Ghouta orientale dévastée et meurtrie, cette effervescence diplomatique est loin de convaincre. «L’ONU se dit préoccupée et demande un cessez-le-feu mais au final, ils ne nous ont rien apporté », lâche Abou Moustafa, un habitant de Douma. « Au quotidien, il y a des frappes, des destructions, c’est à faire pleurer les pierres, chaque jour quelqu’un perd un proche.»