Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

« Je n’ai plus vraiment la même vie que tout le monde »

-

Depuis 2010, René 55 ans, ne vit plus tout à fait comme avant. Il est contraint de se ménager, s’impose une hygiène de vie assez stricte. Le spectre des crises de Ménière qu’il a vécues dans un passé encore récent plane sur son quotidien. « Tout a commencé à la suite d’un séjour en famille dans les Landes. J’avais pris la route vers 16 h, en direction de Nice, après avoir passé une grande partie de la matinée à me baigner, à surfer dans les vagues… » Très fatigué, René va néanmoins parcourir d’une traite les 1 000 kilomètres qui le séparent de son domicile. « Après 2 ou 3 heures de sommeil, je me suis réveillé, et là, j’ai été pris de vertiges, de nausées, comme si j’avais fait la bamboula ! » René ne pourra pas quitter son lit pendant 24 heures. Rétabli, il pense que « l’affaire est close ». Mais, un an plus tard, il va vivre un deuxième épisode inquiétant. « J’avais eu la grippe, et aussitôt sur pied, je m’étais lancé dans de grands travaux chez moi. Nouvelle crise de vertiges, sans nausées cette fois, mais avec une oreille fortement endolorie. Cela raisonnait comme dans une grotte. » Cette fois, René se décide à consulter. « Ce n’est rien, ça va disparaîtr­e », m’a répondu le médecin. En réalité, 6 ans plus tard, c’est toujours là! » Le quinquagén­aire s’habitue tant bien que mal à ses acouphènes. Mais, il n’est pas préparé à la suite. « La crise la plus terrible s’est produite sur mon lieu de travail. On était en plein été, il faisait extrêmemen­t chaud, j’étais épuisé. Je me suis baissé pour ramasser un outil, et là, j’ai été pris de violents vertiges, de vomissemen­ts, et j’ai perdu l’audition. » Ses collaborat­eurs appellent les pompiers, mais René exige que ce soit sa femme qui vienne le chercher. « C’est comme si j’avais bu deux bouteilles de whisky, j’étais une loque. On m’a douché, et j’ai dormi pendant de très longues heures. » Appelé à son chevet, le médecin pose le diagnostic de syndrome de Ménière, et lui prescrit du magnésium à fortes doses. « Le lendemain, j’allais mieux, sauf au niveau de l’audition. En réalité, chaque crise avait aggravé la situation, et j’ai dû être appareillé… » René, comme beaucoup de personnes affectées par le syndrome de Ménière, aimerait comprendre ce qui a pu le faire rentrer dans la maladie. Sans grande conviction, il avance : « Il y a 30 ans, j’ai été victime d’un grave traumatism­e crânien; je suis resté inanimé plus de 20 minutes. Il y a aussi tout le stress lié à la situation difficile de mon entreprise… » Faute de réponse, René n’est pas serein: « J’ai très peur de refaire une crise. Elles sont épuisantes ; on en sort totalement vidé, comme si on avait enchaîné deux ascensions du Mont-Blanc (très sportif, René a gravi plusieurs sommets, Ndlr). Aujourd’hui, dès que je me sens fatigué, je lève le pied, je dors – le sommeil est la clé. J’hésite à sortir, je décline souvent les invitation­s, j’essaie d’avoir une vie très saine. Je n’ai plus vraiment la même vie que tout le monde. » (1) Le prénom a été modifié.

 ?? (Photo d’illustrati­on Frantz Bouton) ?? René a très peur de refaire une crise alors il essaie de se ménager.
(Photo d’illustrati­on Frantz Bouton) René a très peur de refaire une crise alors il essaie de se ménager.

Newspapers in French

Newspapers from France