Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
« Comme si le cerveau cherchait un chemin pour aller jusqu’aux doigts »
Alex, 23 ans, était victime en 2014 d’un AVC qui le laissait hémiplégique côté gauche. Grâce à la rééducation et des séances d’oxygénothérapie, aujourd’hui il court et joue de la batterie
Août 2014. Alexandre n’a pas encore 20 ans, il suit des études de cinéma. Comme de nombreux jeunes de son âge, il travaille pendant l’été pour financer ses études. Cette année-là, il a trouvé un job dans la restauration. Tout se passe bien jusqu’à cet incident : « Un jour, j’ai fait une grosse chute dans les escaliers de l’établissement » .A priori, plus de peur que de mal. Sauf que quelques jours plus tard, Alexandre va être victime d’un accident vasculaire cérébral. Un événement très rare chez une personne aussi jeune, mais dont la cause est rapidement élucidée : une dissection carotidienne à laquelle sa chute n’est probablement pas étrangère (lire ci-contre). « Un morceau de carotide s’est logé dans mon cerveau. D’où l’AVC. Je me suis retrouvé hémiplégique. Mais je n’ai pas perdu la parole. » Hospitalisé dans le service de Médecine Physique et Réadaptation, le jeune homme, passionné de batterie, va se battre pour reprendre possession de son corps. « Un jour, le chef du service de rééducation a appelé le Dr Gamain (médecin à l’Unité de traitement par Oxygène Hyperbare (UTOH) du CHU de Nice, Ndlr) pour savoir s’il y avait du nouveau dans l’AVC. » Alexandre va ainsi grossir les rangs des patients qui expérimentent l’oxygénothérapie. « Je sais que la communauté scientifique est divisée sur l’intérêt de ce traitement… On parle aussi de grande fatigue générée par les séances. Mais, moi, ce que je constate, c’est qu’après chaque séance dans le caisson, je ressens de nouvelles sensations dans le bras, des sortes de fourmillements qui se transforment avec le temps en sensations “normales”. » Le dernier combat d’Alexandre, c’est sa main. « Trois ans après mon accident, je cours, j’ai même repris la batterie… Et même si j’ai encore du mal à ouvrir la main, mes sensations sont de plus en plus proches de la normale. Grâce au caisson j’ai les doigts qui bougent, qui s’ouvrent un peu. C’est comme si le cerveau cherchait un chemin pour aller jusqu’aux doigts. » Pendant trois longues années, Alexandre s’est battu pour reprendre possession de son corps. Il a aussi passé une licence par correspondance, et vient de reprendre la batterie. Certes pas au même niveau qu’avant, « mais tout de même à un rythme soutenu. Et mes bras bougent ! .... Aujourd’hui, je commence à tourner la page… »