Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
L’optométriste en renfort pour la vue Retour sur actu
Ce métier est encore mal connu du public. Ces professionnels sont des opticiens spécialisés habilités notamment à corriger vos verres ou lentilles si votre vision change
Ils collaborent avec les ophtalmologistes, les opticiens ou encore les laboratoires... Les optométristes ont un large éventail de compétences. Mais paradoxalement, cette profession est encore largement méconnue, notamment parce que non réglementée. « Nous sommes diplômés d’État mais pour autant nous sommes toujours sous le statut d’opticien alors que nous sommes spécialisés, titulaires d’un master 2 », explique Charles-Henri Ettore, optométriste niçois qui a choisi de travailler dans une boutique d’optique. L’AOF (Association des optométristes de France) s’est réunie en congrès fin janvier, l’occasion de rappeler l’urgence de faire connaître ce métier.
Complémentaire avec l’orthoptiste
L’optométriste suit donc une formation, après un BTS d’opticien-lunetier, dispensée dans une faculté de sciences (elle est également ouverte aux orthoptistes). Il est capable d’examiner la vision pour déterminer, par exemple, si une correction doit être modifiée. Son domaine de compétence est complémentaire avec celui de l’orthoptiste qui lui, est le rééducateur, le « kiné des yeux ». « Nous ne sommes pas médecins. Tout ce qui relève de la pathologie tient du ressort de l’ophtalmologiste, précise Charles-Henri Ettore. En revanche, nous sommes en quelque sorte son relais sur le terrain. Nous avons davantage de temps pour répondre aux questions et réexpliquer au besoin aux patients ce qu’ils ont. Nous pouvons aussi les orienter vers lui s’ils ne l’ont pas encore consulté. » Certains ophtalmologistes collaborent dans leurs cabinets avec des optométristes et des orthoptistes. En déléguant toute une série d’actes tels que la prise de mesures, ils peuvent ainsi se concentrer sur leur coeur de métier : la pathologie ophtalmique. Ce type d’organisation est particulièrement intéressant dans les régions touchées par le manque de professionnels de santé et où il faut parfois patienter de longs mois avant d’obtenir un rendezvous.
Prise en charge financière
L’optométriste est également habilité à modifier les verres si la vision change. « Lorsque quelqu’un se présente avec une ordonnance pour des verres, l’optométriste procède à des vérifications grâce à des examens de la vue avant de réaliser les verres. Si par exemple, cette personne constate que sa vue a changé, l’optométriste est habilité à procéder à un nouvel examen et à modifier la correction en conséquence, sans obligation de repasser chez l’ophtalmologiste s’il n’y a pas de pathologie sous-jacente. C’est que qu’on appelle le renouvellement de compensation : la faculté d’adapter l’ordonnance pendant 3 à 5 ans (selon l’âge du patient) et renouveler les équipements optiques. La plupart du temps, l’optométriste communique avec le prescripteur initial », indique Charles-Henri Ettore. Il est formé à gérer les inconforts ou inadaptations, c’est-àdire à prendre en charge les patients qui ne supportent pas leur nouvelle paire de lunette. La prise en charge financière s’applique dans certaines conditions (en général les mutuelles remboursent si les verres initiaux ont été faits il y a plus de deux ans) jusqu’à 5 ans après l’ordonnance initiale. Finalement, tout le problème réside dans le fait que les choses ne sont pas parfaitement claires, la profession n’étant pas réglementée, comme c’est pourtant le cas dans beaucoup d’autres pays. C’est pourquoi l’AOF s’alarme du fait que des optométristes français sont tentés d’aller travailler à l’étranger. Une situation dommageable pour la population car ils sont déjà peu nombreux !