Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

L’impatient français

Romain Grosjean a hâte de débuter la saison et d’en découdre, en juin, sur la piste du Castellet dont il ne pense que du bien. Il s’en explique en prenant tout son temps

- Textes : Raphaël Coiffier Photo : AFP

Romain Grosjean a des fourmis dans les jambes. Des ailes dans le dos. Et des papillons dans les yeux... Un microcosmo­s en somme qui le dévore à chaque veille d’aube caressée de rosée. D’éclosion de fraîche saison. Aussi indécise qu’une floraison au printemps... Janvier. Février. Au gimmick du calendrier, le pilote français ronge ses cuivres. À la lisière des sournoises chicanes, il sculpte sa carrosseri­e. Entretient les rouages. Huile les mécanismes... « À cette période de l’année, c’est énormément d’entraîneme­nt physique. Je bosse le foncier. Je fais du ski de fond, de la gym, un peu de vélo, surtout en salle, et parfois du tennis », prend le temps de préciser, hors de nos frontières, la figure de proue de l’écurie américaine Haas. À la maison - « des moments rares » - s’enchaînent ainsi les sessions sportives. Ponctuées d’intimité. Indispensa­bles à la trajectoir­e de la comète tricolore. Déjà sur orbite de la première grille de départ de 2018 : Melbourne, le 25 mars... « Bien évidemment, j’ai hâte de commencer le championna­t car c’est vrai que rouler c’est ce qu’on aime profondéme­nt. Donc ça me manque... »

Un moment à la fois magnifique et particulie­r

Le Franco-suisse tape du pied. Fait les cent pas. Jamais tête en l’air. Il fixe la prochaine courbe. Le prochain donjon à conquérir. Panache au vent d’une équipe en progressio­n constante. « Elle grandit d’année en année et ça, c’est super. Quant à la voiture, je ne peux pas trop en parler actuelleme­nt. Mais j’espère qu’elle sera extrêmemen­t rapide ! » Son coeur roule tandis que sa raison déroule. L’homme est pragmatiqu­e. Ses lendemains en dépendent lorsqu’ils se conjuguent à plus de 300 km/h. Pourtant, à l’évocation du Castellet, ses réponses pourraient durer une éternité. Comme pour un coup de foudre... « Ce Grand prix de France va être une expérience extraordin­aire. Surtout que je n’ai pas encore eu la chance d’en vivre un. Vivement que je sois là-bas... » Là-bas où tout est neuf... Et tout est sauvage lorsque les félins lâchent les chevaux capotés. Sur cette scène mythique, tracée en bleu entre terre et mer... « Ce sera un peu particulie­r pour moi. Cet endroit est d’abord magnifique et ce circuit historique. Prost a quand même gagné son premier Grand Prix de France en 1981. Donc ce sera spécial. »

À la bagarre pour être à la hauteur de ses fans

Pour autant, il ne se laissera pas écraser par la pression. Plutôt Archimède que Newton. « C’est une motivation supplément­aire, pas un poids. J’aurai envie de bien faire. J’aurai une énergie positive tout au long de ce week-end. » De celle qui vous pousse à fumer le pessimisme et débrider les conquêtes. Soient-elles sur une rive lointaine. Mais ça tombe bien, numéro 8 aime le rodéo des as... La bagarre tempétueus­e avec ses alter ego casqués. Tous plus rapides que leurs ombres. Que lui aussi. Parfois. Sauf que sous le soleil éternel du Var, Romain ne fera pas dans le claquettes-piscine. Ce n’est pas tous les jours qu’on passe une vitesse à la maison... « Je vais essayer d’avoir un super résultat devant tous nos supporters et nos fans. » Sans avoir même en amont amadoué la dernière toile torturée du Paul-Ricard. « On n’a pas le droit de tester la piste avant juin. C’est la règle en F1. Donc on verra... » Mais le fleuron du Castellet n’est pas totalement un étranger pour lui. S’il ne le connaît pas dans sa version Grand Prix de France 2018, il y a usé sa gomme à quelques reprises. « J’ai roulé sur la version courte, le 3.8 en GP2. Maintenant, on s’entraînera dessus lors des essais et je suis persuadé que tout se passera bien... » Personne n’imagine le contraire. D’ailleurs, en fin stratège, le blondinet a passé au crible la scène de tous les désirs. Parole d’expert.

Les modificati­ons « vont dans le bon sens »

« Il y a assez peu de gros freinages sur ce circuit. Il y a beaucoup de courbes extrêmemen­t rapides, le virage de Signes, le double droite du Beausset. Et puis il y a aussi la partie d’en bas, avant la ligne droite du Mistral, que je connais un peu moins, mais qui est très sympa... » Quant au lifting apporté au tracé, là encore le tricolore n’y voit que du positif. « Elles vont dans le bon sens pour qu’on ait plus d’occasions de dépasser. On profitera davantage de la piste. » Et le public du spectacle enfin de retour sur l’anneau varois. Français. Avec, on croise les doigts, un engouement à la hauteur de cette renaissanc­e. « Je n’en doute pas. Je crois qu’en France il y a encore des gens qui aiment la voiture, le sport auto. Certaineme­nt plus qu’on ne le pense. Je suis positif et j’espère qu’on verra beaucoup, beaucoup de monde au Castellet. » À lui seul, Romain Grosjean mérite ce soutien tant il appartient à la race des « Monsieur ». Ceux qui évoluent à toute allure sur une autre planète mais ont su préserver leur naturel. Leur simplicité. Et Dieu sait si en F1, univers plutôt hermétique, ce n’est pas toujours le cas... Alors, lorsque le bon numéro vient à se présenter sur la grille, forcément on se met à rêver au gros lot. Un jackpot en bleu, blanc, rouge aurait sacrément de la « gueule » au moment d’entonner : « Allons enfants... »

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Rcoiffier@nicematin.fr
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