Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Daniel Ortelli : « Une saga racontée par ses acteurs »

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Comment a démarré l’idée de ce livre ?

L’étincelle s’est produite en décembre . Alors que je viens de mettre un terme à ma trajectoir­e de cinq ans en F pour l’AFP tombe l’annonce de la renaissanc­e du Grand Prix de France au circuit Paul-Ricard. Immédiatem­ent, cette bonne nouvelle m’interpelle. A mes yeux, c’est l’occasion de prolonger le récit d’une fabuleuse histoire dont la première partie avait été écrite par François Chevalier. Lui s’était penché sur les trente années du XXe siècle, la longue période durant laquelle il tenait les commandes. Mais la suite restait à écrire. La métamorpho­se du circuit, sa réouvertur­e sous l’appellatio­n High Tech Test Track, le retour de la compétitio­n...

À qui avez-vous soumis le projet ?

Je l’ai présenté au directeur général du circuit, Stéphane Clair. Celui-ci s’est montré très réceptif. Même engouement du côté de la famille Ricard. Portes ouvertes. Ils étaient tous heureux de voir la F revenir sur le circuit de leur grand père. Et tous intéressés par ce que je voulais réaliser.

Quel a été votre fil conducteur ?

La priorité, c’était de faire parler ceux qui ont dessiné la trajectoir­e. Les patrons du circuit, les pilotes... Certains n’étant plus là, notamment Paul Ricard et Philippe Gurdjian, je me suis adressé à des proches qui m’ont parlé d’eux. Pour moi, il fallait que ce soit une saga racontée par ses acteurs principaux. Les entretiens se sont ainsi enchaînés, tous plus intéressan­ts les uns que les autres. Des témoignage­s précis, beaucoup de bons souvenirs...

La rencontre la plus marquante ?

Gérard Neveu. L’interview a duré quatre ou cinq heures. De quoi écrire trois ou quatre bouquins ! D’abord jeune spectateur, puis journalist­e au micro de Vitamines, alias Radio Grand Prix, il a ensuite été le bras droit de Philippe Gurdjian avant de prendre lui-même les rênes du circuit. Bref, il a tout vécu. Et Gérard se souvient de tout, de A à Z. Il n’a oublié aucun détail. Le client numéro , comme on dit dans le jargon journalist­ique.

L’anecdote la plus croustilla­nte ?

J’adore celle que m’a livré Alain Prost. Lors de tests privés, au début des années , alors pilote McLaren ou Renault, il était allé écouter derrière la porte d’un bureau surplomban­t la voie des stands le coup de fil passé par Mauro Forghieri à Enzo Ferrari. Il s’agissait du débriefing technique de la journée et le compte rendu de l’ingénieur ne reflétait pas du tout la réalité du terrain, paraît-il. Superbe reflet d’une époque où les smartphone­s et internet n’existaient pas. Énorme... fumée. Même si on regrettait ici qu’une page se tourne, le groupe Ricard était plutôt soulagé de voir la F partir. Ce Grand Prix ne lui rapportait guère et il coûtait cher. A fortiori à l’aube des années  marquant un tournant pour les fabricants de cigarettes et d’alcool ciblés par la loi Evin. Plus tard, deux ans après le décès de Paul Ricard, la vente du circuit à Bernie Ecclestone frappera aussi les esprits. En lisant les journaux, à l’époque, on n’en avait pas forcément conscience, mais la famille Ricard était plutôt contente de s’en séparer parce qu’elle n’avait pas les moyens nécessaire­s pour le remettre à niveau.

Personne n’a rien regretté ”

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(Photo Eric Damagnez) Daniel Ortelli : « La priorité, c’était de faire parler ceux qui ont dessiné la trajectoir­e du circuit PaulRicard, patrons et pilotes. »

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