Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

« La confiance est revenue »

Régénéré, à l’image de l’équipe, par les vacances et le stage à la neige, Facundo Isa veut maintenant tout gagner pour emballer le sprint final. Première étape : La Rochelle

- PHILIPPE BERSIA

Contrairem­ent à bon nombre de Sud-Américains, Facundo Isa n’a aucune affinité avec la tauromachi­e. Mais lorsqu’il s’agit d’aller à la corne, il se révèle aussi brave et généreux que les meilleurs taureaux. Fort sur les pattes arrières, puissant du bas du dos et globalemen­t charpenté comme une bête de combat, le jeune troisième ligne argentin qui, ballon en main, possède aussi une technique irréprocha­ble, est depuis longtemps déjà promis à un bel avenir… N’est-il pas déjà venu tenter sa chance au RCT dès la saison 20132014? Il n’avait que 20 ans et cette première expérience loin de sa famille fut trop douloureus­e alors. Mais quatre ans plus tard, le voilà de retour à Toulon dans de tout autres dispositio­ns: «La première fois, je suis venu un peu tôt, mais aujourd’hui j’ai mûri et je sais vraiment ce que je veux…» explique le jeune homme qui a bien grandi avec les Jaguars en Super Rugby et compte désormais 26 sélections chez les Pumas… Ce qu’il veut, et peut expliquer qu’il ait choisi de mettre sa carrière internatio­nale entre parenthèse­s ? C’est très simple : juste gagner des trophées ! « Je ne suis pas là pour le minimum » assure le jeune homme dans un grand sourire.

« Aujourd’hui on est plus forts »

Facundo, qui depuis longtemps rêvait de faire carrière, ne pense plus qu’à ça pour valider sa progressio­n. Et de rappeler : « Maintenant il nous reste 9 matches de Top 14 plus, au moins, un quart de finale d’Europe. On va jouer tous ces matches à fond et faire le maximum pour se qualifier tant en Top 14 qu’en coupe d’Europe…» Après avoir subi un gros K.-O. qui lui a coûté une dent et une fissure de la mâchoire à Brive, début janvier, Isa a retrouvé la plénitude de ses moyens : «Ça va beaucoup mieux aujourd’hui. Entre la semaine de vacances et le stage à la neige, je me sens vraiment bien…». Originaire de Santiago del Estero au Nord de l’Argentine où il fait souvent jusqu’à 45 degrés, Facundo avoue s’être régalé en altitude: «C’était la première fois que je goûtais à la neige, j’ai vraiment bien aimé. C’est beau, on respire bien.» Et il en est surtout revenu avec de nouvelles certitudes: «Je pense que le groupe s’y est consolidé. Aujourd’hui, on est plus fort pour attaquer la dernière étape de la saison. Au début, on manquait de confiance. Là, elle est revenue. Nos derniers matches nous ont rassurés en défense, on se connaît mieux…» Lui aussi a désormais beaucoup plus de repères même s’il évolue le plus souvent en troisième ligne aile plutôt qu’en numéro 8, son poste de prédilecti­on: «Ici, c’est un peu ma famille, maintenant. Juan (Lobbe) s’occupe de moi comme un grand frère. Il me conseille beaucoup et je l’écoute bien car c’est un mec exceptionn­el. » explique-t-il sans forcer le trait. Duane Vermeulen, pour qui il éprouve aussi le plus grand respect, lui apporte beaucoup également: « Je regarde tout ce qu’il fait, comme pour Lobbe. On se parle beaucoup et c’est un très bon ami…» Et puis il y a sa copine aussi pour lui tenir la main quand il regarde ses séries préférées sur Netflix, qui l’accompagne lors de ses voyages d’agrément en Europe: «J’ai déjà visité la Hollande, Paris, Monaco, l’Italie… Il y a tant de choses à voir ici…»

Aller «péter» dans les rangs rochelais

Seul bémol finalement aujourd’hui dans sa vie, il a du mal à trouver dans le Var de la viande d’origine «argentine»: «Il y a plus de viande pour les Sud-Africains. C’est une petite discrimina­tion… rigole ce bon tempéramen­t, en précisant: je mange bien quand même». En témoignent ces 111 kg, soit son poids de forme, qu’il compte bien envoyer «péter» à tout va dans les rangs rochelais ce dimanche : «Ça va être un gros match, très difficile. Ce sera sûrement la guerre annonce la bombe à retardemen­t toulonnais­e. Ce sera compliqué mais c’est souvent serré entre nous. Aujourd’hui, ils sont troisièmes, mais j’espère qu’on va pouvoir les rattraper». Auteur d’un seul essai jusqu’à présent, celui de la victoire en septembre au Stade Français, Facundo estime être en retard sur son tableau de marche: «Un essai, c’est peu. Je pense que c’est ma nouvelle position qui explique ça. Au LOU (où il a fait une pige de six mois l’an dernier en numéro 8, NDLR) j’avais marqué 4 ou 5 essais. Ici, c’est plus dur. Il y a beaucoup d’autres joueurs pour marquer…» À 24 ans seulement, Isa n’a pas encore de quoi se mettre Martel en tête. Mais nul doute qu’il commence à trouver le temps un peu long. Et s’il nous refaisait, à La Rochelle, le coup du Stade Français?

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(Photo Dominique Leriche) Facundo Isa se sent pousser des ailes en cette fin de saison...

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