Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

La France respire mieux !

Longtemps malmenés par des Italiens vaillants mais limités, les Tricolores ont décroché, hier à Marseille, leur premier succès dans le Tournoi (34-17). Sans pour autant rassurer sur le contenu

- RAPHAËL COIFFIER

Peur bleue hier sur l’Orange phocéenne. Colisée d’une passion naissante. Baptisé en fanfare - de la légion - sur la Canebière, d’ordinaire ronde comme le O. Indissocia­ble du M. Mais cette fois offerte à l’ovale national. Un ovale cabossé. Soit voué à la résurrecti­on des tricolores, peu épargnés par les pépins depuis la floraison du Tournoi. Soit condamné à la critique qui pique et au pourrissem­ent des remises en question… Rossé à deux reprises, le Coq n’a donc d’autres alternativ­es que de chanter sur la dépouille des Azzuri. Les abandonner à la cuillère de bois. Triste emblème en bouche des vaincus. Auquel la France échappe depuis 1957… Avec l’appel au large, Brunel est bien conscient de l’urgence. Entre jeunesse et expérience, il a bâti un XV joueur. Que l’enjeu brûlant ne doit pas refroidir. D’ailleurs, dans ce frigidaire, les Français brisent rapidement la glace. Une pénaltouch­e, un maul et, par un trou de souris, Gabrillagu­es tend son bras de Titan. Essai non transformé (5-0).

Un manque de fluidité

Sauf que les Italiens répondent du tac au tac. Sur le même scénario quasiment, avec un ballon porté emportant tout sur son passage. Mbanda finalise l’ouvrage. Croit-on car la vidéo tranchera pour un essai de pénalité (5-7, 11’). Et si les vieux démons refaisaien­t surface… La domination est blanche. Mais stérile. Lauret oublie deux soutiens sur sa gauche. Machenaud tente de franchir en solo. On pilonne l’horizon azur. Avec brutalité. Sans jamais le déchirer. Tout ça manque de cohérence. Peut-être de confiance… Le temps s’échappe. Le rythme avec. Les Italiens défendent bec et ongles leur pré carré et seule une pénalité de Machenaud réchauffe les espoirs (8-7, 28’). On tente. Au ras. En force. Au large. Sauf que la fluidité est de sortie. La créativité en vacances. Et l’envie, en voyage. A Venise ! Si bien que le condamné transalpin s’enhardit. Met le nez à la fenêtre de son Vatican. Jusqu’à se le faire pincer par Bastareaud. Le Toulonnais arrache le ballon, le transmet à Fall qui tape à suivre. Pris, les Italiens se mettent à la faute. Machenaud assure 3 points (11-7, 39’). Pas de quoi pavoiser à la pause...

Fin de la série noire

Il reste toutefois 40 minutes pour redevenir irréductib­les. A défaut d’être irrésistib­les. On y croit dès la sortie des vestiaires après un mouvement léché, initié par l’impérial Bastareaud. Le trois contre un est mal négocié par Beauxis. On se contentera, derrière, d’une nouvelle pénalité de Machenaud (14-7, 43’). Et de la réplique signée Allan (14-10, 51’). Ou comment se compliquer la tâche… En tout cas, tous les chemins ne mènent pas à Rome. Guirado et les siens en font l’amère expérience. Comme perdus sur le rectangle. A la recherche du flair perdu. De ce petit grain de folie, né du génie. Ils rament. Piochent. Jusqu’à l’étincelle de la foudre Bastareaud. Le chouchou de Mayol franchit le rideau italien, passe d’une main à Bonneval qui sert Grosso qui lui remet jusqu’à la délivrance (21-10, 60’). Cinq minutes plus tard, Machenaud y va de sa quatrième pénalité (24-10, 65’). Enchaîne à la 70’ (27-10). Avant que Basta roquette, l’homme du match, ne parachève son récital marseillai­s par un essai (34-10, 74’). Un comble pour un Parisien! Enfin, sans briller, les tricolores ont tué le match et l’essai de Minozzi n’y changera rien (34-17, 78’). Ils ont mis fin à une série de huit matches sans victoire. Sans gloire certes, mais c’est déjà le début d’un commenceme­nt de redresseme­nt. A confirmer face aux Anglais dans une semaine. Une autre paire de manches!

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(Photos AFP) Le Toulonnais Bonneval, à gauche, auteur d’un essai.

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