Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Sidibé, l’ovni silencieux

Titulaire indiscutab­le à Monaco et en équipe de France Djibril Sidibé, 25 ans, mène une vie paisible. Surnommé « tonton » dans le vestiaire, le latéral droit ne fait pas vague

- MATHIEU FAURE

Kamil Glik a beau être le défenseur central le plus décisif d’Europe en championna­t depuis l’été 2016 avec 9 buts et 3 passes décisives, Djibril Sidibé affiche, lui, des chiffres presque similaires sur la même période : 4 buts, 7 passes. Malgré tout, le latéral droit reste dans l’ombre médiatique. Discret. Calme. Posé. Surnommé «Tonton» par Kylian Mbappé l’an dernier en raison de ses manies de petits vieux, « Djib’ » est un homme qui sait d’où il vient. Natif de Troyes au coeur d’une famille d’origine malienne, Sidibé n’a pas été bien loin pour se trouver un modèle. Là où certains ont grandi avec des posters de Cristiano Ronaldo, Zidane ou Ronaldinho sur les murs de la chambre, Djibril Sidibé a réglé son pas sur celui de son paternel : « Mon père m’a toujours inculqué les bonnes valeurs et montré le droit chemin. Il me répète tous les jours d’être au service des gens. C’est mon exemple », déclarait-il dans L’Equipe début février. Un cadre qui vous pose l’homme. Avant le clinquant du Rocher et la douceur de Lille, Djibril Sidibé a donc vu le jour à Troyes dans l’Aube, là où une partie de la jeunesse parisienne vient s’enjailler dans les magasins d’usine pour des jeans dégriffés ou des bonnes andouillet­tes.

« Jouer en Équipe de France, c’est aussi une façon de représente­r le Mali »

À Troyes, Sidibé commence le football à six ans, il joue partout : milieu défensif, défenseur central puis latéral. C’est Jean-Marc Furlan, décidément dans tous les bons coups de l’ESTAC après Blaise Matuidi, qui replace le jeune garçon à droite de son back four peu après sa majorité. Cannes de feu, grosse capacité de centre, doué en un contre un et capacité physique au-dessus de la moyenne, Sidibé est fait pour le football 2.0. En trois ans, il passe du National à la Ligue 1 en quittant Troyes pour Lille. Quatre saisons chez les Dogues plus tard, voilà le garçon à Monaco contre un chèque de 16 millions d’euros et, donc, en équipe de France (14 sélections, 1 but). Une manière de rendre hommage à ses racines quelque part, lui qui a longtemps été courtisé par l’équipe du Mali. « Aujourd’hui, jouer en Équipe de France, c’est aussi une façon de représente­r le Mali » confie-t-il dans les colonnes de L’Equipe. Sidibé a beau se projeter sur le Mondial 2018 avec les Bleus, il n’en oublie pas Troyes. Là où tout a commencé. Ce n’est pas pour rien que le joueur a investi quelques billes dans l’Aube. Dans L’Equipe toujours : « L’idée était d’investir dans ma ville natale, soit dans l’immobilier soit dans un projet qui se développe. Il y a une académie dans le S3 (Complexe sportif dont il est propriétai­re, ndlr), avec plus de cent gamins. Je voudrais que certains puissent vivre ce que j’ai vécu : partir en voyage pour jouer au foot entre copains, avec le sandwich et les frites, c’était magnifique. »

Rare et précieux

Très pieux, fier de ses origines, Sidibé est une force tranquille dans un groupe profession­nel. Un cadre silencieux en quelque sorte. Toujours positif, jamais bougon, Sidibé est surtout une espèce rare. Latéral, c’est un poste sinistré en Europe. Monaco a de la chance car l’ancien Lillois connaît parfaiteme­nt son poste. Pour nos confrères de So Foot, il n’avait pas hésité à se livrer longuement sur les spécificit­és de son poste : « Tout part de l’équilibre. Dans un match, on demande à un latéral «moderne» de savoir bien défendre et de bien savoir contre-attaquer. Le binôme devant en milieu excentré, mais aussi le milieu défensif le plus proche, amené à compenser, sont importants. S’il n’y a pas des relations, des combinaiso­ns, le latéral ne peut pas apporter grand-chose offensivem­ent. Quand on monte, c’est pour créer des décalages, des appels. Tous les mouvements vont dépendre du partenaire devant. Si lui aime rester sur le côté, moi je vais repiquer dans l’axe par exemple. Pour un latéral, l’idéal c’est d’avoir quelqu’un qui mette les ballons dans la course, de pouvoir déborder et centrer...» A Toulouse, où Monaco n’a plus gagné depuis 2014 et un doublé de Dimitar Berbatov, Sidibé aura à coeur d’aider l’ASM à poursuivre sa formidable série (trois victoires de rang). Et pourquoi pas gonfler encore un peu plus ses statistiqu­es...

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Lafont Yago Sylla Diop (c) Amian Imbula Cahuzac Sangaré Durmaz Sanogo Mubélé Rony Lopes Balde Moutinho Lemar Fabinho Sidibé Tielemans Jemerson Subasic Glik Raggi (c)

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