Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Trigance : un vent de jeunesse
Au nord de Comps-sur-Artuby, au pied de la montagne de Breis, Trigance, magnifique village médiéval, avec ses maisons comme remparts et son château du XIe siècle, domine la vallée de Jabron à quelques kilomètres des Gorges du Verdon. Un site remarquable qui abrite des trésors d’histoire, avec une lumière d’hiver particulière, et une population en plein renouveau.
Christel Schlierkamp, sculpteur Elle a beaucoup voyagé, parcouru le monde avec son sac à dos ou en voiture. Originaire de Cologne en Allemagne, Christel s’est enfin posée voici 25 ans à Trigance : «je prends ici l’énergie pour partir et celle pour revenir». Elle vit dans cette vieille maison en pierre posée dans la campagne, avec un atelier et une salle d’exposition au rez-de-chaussée et son appartement à l’étage. «Ici je me sens protégée. Je marche tous les matins dans le silence, avec cette lumière, je me reconnecte avec la vie avant de travailler dans mon atelier: c’est un rêve d’habiter et de travailler au même endroit». Les sculptures en béton de Christel sont placées sous les signes de la féminité, de la puissance et de l’intime. «Ici, le temps passe différemment. On est plus lié à la terre. On approfondit plus les relations humaines. On prend le temps d’échanger sur la vie, sur la condition humaine».
Michel Giulano, ferronnier d’art Michel Giulano est aussi discret que sa maison est isolée. Il est originaire de Draguignan et s’est installé à Trigance en 2000. Son atelier jouxte une vieille bâtisse en contrebas de la route: «ici je suis dans ma bulle, dans mon histoire». Ferronnier d’art, il s’est dirigé vers des sculptures abstraites, mélanges de fer, de pierre et de bois: «je suis parti là-dedans et ça marche ».« Je suis content quand l’hiver arrive, mais j’aime aussi le renouveau du printemps et de voir arriver les gens. J’ai fait un choix de vie. Je ne suis pas aussi isolé que ça. Draguignan est à moins d’une heure».
Guillaume Thomas, château de Trigance Le château de Trigance, perché avec ses quatre tours sur un piton rocheux qui domine le village, attire tous les regards. Les parents de Guillaume ont consacré leur vie pour restaurer le château et en faire un magnifique hôtel-restaurant. En 1977, leur fils a pris le relais pour en faire un hôtel de charme, romantique, dans une ambiance médiévale avec sa salle d’armes transformée en restaurant gastronomique. Guillaume a grandi au village, fait ses classes dans la petite école, avant de faire l’école Hôtelière à Paris et parcourir l’Europe dans l’hôtellerie de luxe. L’hiver, Guillaume le consacre à sa famille : Julie son épouse et Louise leur fille de 15ans. «L’hôtel est ouvert d’avril à fin octobre: la saison est longue». Ensuite «je lance les travaux de maintenance, de rénovation, de réhabilitation du château afin d’être prêt pour la saison». Mais ce que Guillaume affectionne le plus hors saison c’est de se retrouver avec cinq copains musiciens le mardi soir pour répéter avec le groupe dans la salle des fêtes.
Luc Bastiani, boulanger Luc Bastiani avec Marion son épouse, a repris en 2012 la boulangerie de son père, mais aussi de son grand-père. Cet ancien officier d’infanterie a posé ses galons de capitaine pour pétrir l’hiver un jour sur deux et faire un pain au feu de bois dans un four en pierre datant de 1870 : «je l’enflamme à 4 h, je tire les braises, je le nettoie à 8 h et je commence à enfourner». Les gens viennent de loin pour chercher le pain, les navettes aux oranges, figues, aux gouttes de chocolat, les croquants aux amandes ou noisettes grillées, les pizzas au fromage de chèvre de Trigance. «Ici la qualité de vie n’a pas de prix. Si l’été on est tous pris, l’hiver on se retrouve entre amis».
Richard Nigris, épicier Richard et son épouse Fabienne avaient une maison secondaire à Trigance. Ils y venaient régulièrement le week-end et en vacances. En 2006 ils décident de quitter Cannes pour reprendre l’épicerie: «c’est un pilier du village, un point de repère, on fait du social avec les gens, on les écoute parler, se raconter.» Au fil des années Richard et Fabienne ont vu les anciens disparaître, «la population a évolué avec l’arrivée de jeunes familles. Ici on ne vit pas pareil, on n’a pas les mêmes besoins».
Franck Nembi au Bar le Piccolo Franck Nembi connaît bien Trigance: «depuis que je suis né je venais ici pour les week-end et les vacances, mon grand-père avait une maison de chasse». Franck a voyagé pendant dix ans avant de revenir au village. À 26ans, trois années comme second de cuisine avant de faire à 29 ans chef de cuisine au château de Trigance. Il y a un an il a repris sur la place du village le Piccolo qui fait aussi snack en saison: «c’est le point central du village, un peu comme en Corse. Ici les habitués, chasseurs, randonneurs se retrouvent pour le café ou pour l’apéro».
Dominique Albertini, tatoueur Dominique a quitté Marseille pour s’installer à Trigance avec son épouse et ses quatre enfants grâce à Franck Nembi qui a repris le bar : «une amitié de quinze ans et je l’ai aussi tatoué». Il a installé son salon au-dessus du bar voici un an : «c’est la vraie vie à Trigance avec une qualité de vie hors pair. Les enfants vivent en liberté dans le village».
Robin Despers, berger: «l’hiver on prépare la saison» Ses parents élevaient des chèvres à la Colle sur Loup. En 2013, Robin Despers 30ans et son frère Etienne 33ans décident de reprendre le G.A.E.C «le petit Collois» un troupeau de 80 chèvres. «En février la période de mise bas va se terminer, les agneaux vont être séparés de leurs mères et après avoir rangé et curé la bergerie, mis en état la fromagerie on va commencer début mars les premiers fromages». Avec Marion sa compagne et Amaya leur petite fille de deux ans et demi, Robin sait déjà que la saison va être longue de début mars à mi-novembre avec un travail de 10 heures par jour.
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