Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Aiguines et la tradition des tourneurs de bois
Aux portes du Verdon, le village d’Aiguines domine les eaux turquoises du lac de Sainte-Croix avec en fond le plateau de Valensole. Si l’été, le village est particulièrement fréquenté, l’hiver il retrouve un calme magique: pas de randonneurs, pas de touristes, pas de sportifs. Seuls les cris des enfants de la classe unique du village jouant dans le pré résonnent dans la rue principale du village.
Corinne Hébrard: «j’ai grandi ici et je voulais que ma fille aussi». Originaire d’Aiguines depuis huit générations: un grand-père maire du village, berger, éleveur de chevaux, une grand-mère aussi native du village, Corinne Hébrard après avoir passé vingt ans à Bormes-lesMimosas a choisi de retrouver ses racines avec sa fille de 4 ans : « C’est le paradis ici, même si ce n’est facile d’habiter un village. Vivre en bas avec un salaire et un loyer, c’est compliqué, ici on vit. Il n’y a rien à acheter, il n’y a que des choses à faire». Corinne, employée municipale, partage un mi-temps pour la poste et un mi-temps comme guide au musée des tourneurs de bois qui relate les traditions de ces gens qui ont fait la renommée du village dans ce domaine. «J’ai grandi ici à Aiguines, et je voulais que ma fille connaisse cela: Marie ma fille est dans la même école, dans la même salle de classe que sa maman».
Audrey Gareil, maîtresse : «les enfants vont à l’école dans un cadre privilégié». Depuis 10 ans à Aiguines, son premier poste d’enseignant, Audrey Gareil est la maîtresse d’école d’une classe unique qui démarre en maternelle pour finir en CM2. Épaulée par Meike Mordelet, agent territorial spécialisé dans les écoles maternelles, Audrey enseigne aux quatorze enfants du village : trois en maternelle, un en CP, deux en CE1, quatre en CE2, deux en CM1 et deux en CM2. «Les enfants vont à l’école dans un cadre privilégié et idyllique: les cris des enfants qui jouent dans le pré pendant les récréations donnent de l’animation au village». Audrey reconnaît la chance de vivre au rythme des saisons: «le printemps, le village se réveille avec la nature et les premiers touristes, l’été c’est effervescence, l’automne on se retrouve entre nous et l’hiver on voit moins de monde, on se recentre sur les valeurs humaines: c’est plaisant de vivre cela».
Julien Monnier, résident à l’école de tournage sur bois Depuis le XVIeme s, l’histoire du village d’Aiguines a toujours été liée au tournage sur bois. On y fabriquait jusqu’au milieu des années 1980 toutes sortes d’objets et surtout les fameuses boules de pétanque cloutées. La commune d’Aiguines a souhaité créer un musée en 2014 mais aussi une école consacrée au tournage sur bois traditionnel et contemporain, unique en France, en Europe et peut être dans le monde. Cette école dispense des formations courtes (stages d’une semaine) mais aussi une formation longue de mars à octobre pour une dizaine de stagiaires qui s’installent pour l’hiver dans le village. Julien Monnier, termine sa formation et il sera le résident de l’école pour 2018. Menuisier-ébéniste de formation, l’école lui met à disposition un atelier indépendant afin de pouvoir créer, produire et travailler : «je suis très heureux de rester à Aiguines, un villageois s’est proposé de m’héberger en mettant à ma disposition une chambre, quelle convivialité».