Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

C’est le moment...

Toujours en mal de victoires à l’extérieur, le RCT se déplace à La Rochelle avec de grandes ambitions. Mais il devra vraiment tout donner pour espérer renverser l’armada de Collazo

- PHILIPPE BERSIA

Dans ce coin de France trop longtemps resté dans l’ombre du haut niveau, il y a les « culs terreux » en Charentes et les « culs salés » en Charente-Maritime. Et le moins que l’on puisse écrire est que les « culs salés » ont bien marqué leur territoire rugbystiqu­e. D’aussi loin qu’il se souvienne, l’Angoumoisi­n Fabrice Landreau n’a que de mauvais souvenirs face à La Rochelle : « Moi, je suis un cul-terreux, et les culs salés sont mes rivaux depuis tout petit. Ici, on ne s’en rend pas compte, mais La Rochelle est vraiment l’équipe du grand ouest. Dans les petites catégories, tu n’y gagnes jamais. Ils ne lâchent jamais rien et j’ai l’impression que ça dure depuis le siège de Richelieu... C’est assez incroyable», résume le manager toulonnais. Mais cet hommage appuyé, qui vient après celui de Mourad Boudjellal dans la semaine, ne change fondamenta­lement rien aux données du jour. Tout juste précise-t-il l’ampleur de la tâche qui attend les Toulonnais au bord de l’Atlantique...

« C’est le moment d’accélérer »

À neuf journées du terme de la phase qualificat­ive, ils n’ont de toute façon plus à se poser de questions. Il faut absolument qu’ils décrochent une, voire deux victoires à l’extérieur, pour assurer leur qualificat­ion pour les phases finales: «Aujourd’hui, on n’a plus à réfléchir, confirme Landreau. C’est le moment d’accélérer et j’ai l’impression qu’ils sont effectivem­ent dans cette voielà...» Que ce soit, à La Rochelle, Lyon, Oyonnax, au Racing ou à Pau, il ne reste plus que cinq chances au RCT pour réussir là où il a presque toujours échoué depuis le début de la saison. Pas question donc de laisser filer la première sans la défendre vraiment même si, jusque-là, La Rochelle affiche l’impression­nant bilan de huit victoires (dont quatre bonifiées) en huit réceptions. Outre le fait qu’un exploit contre un adversaire direct à la qualificat­ion les reposition­nerait parfaiteme­nt pour viser une des quatre premières places, les Rouge et Noir ont aussi besoin d’engranger le maximum de confiance avant d’aller défier le Munster en avril et de jouer, on l’espère, les vrais matches couperets. En ce sens, ce déplacemen­t arrive à point nommé, même s’il tombe sur un doublon qui privera le RCT de quelques joueurs majeurs. Rassurés par leur qualificat­ion européenne, enfin lancés par leurs deux victoires bonifiées face à BordeauxBè­gles et le Stade Français, les Toulonnais doivent parvenir à évoluer dans la continuité pour préserver cette dynamique et regarder plus loin, voire plus haut. Reste que les hommes de Collazo, qui évolueront pour la 30e fois consécutiv­e dans un stade en fusion et à guichets fermés, ne risquent pas de prendre ce rendezvous à la légère : «On ne peut se permettre le moindre fauxpas à domicile. Sans se mettre plus de pression que ça, pour nous, c’est le premier match éliminatoi­re. La défaite est interdite. Il va donc falloir dès la première minute ouvrir grand le capot et tourner à plein régime», a précisé Jérémy Sinzelle, en espérant que la demi-finale perdue l’an passé sur la sirène face à ces mêmes Toulonnais ne polluera pas le jeu habituelle­ment léché des Jaune et Noir : « Certains joueurs n’ont pas oublié leur éliminatio­n, la saison dernière, en demi-finale au Vélodrome. Ils doivent encore avoir ça dans un coin de leur tête. Il y a peut-être un peu de rancoeur pour quelques-uns, mais on doit faire abstractio­n de tout ça. La demie perdue est, je l’espère, évacuée. ».

Rien à envier à ces « culs salés »

Encore battus 26-20 à Mayol à l’aller, les Rochelais qui, malgré leur beau début de saison, n’ont plus que deux points d’avance sur les Toulonnais et semblent même légèrement marquer le pas, vont donc mettre un point d’honneur à reprendre la main au stade Marcel-Deflandre pour confirmer leurs nouvelles ambitions Et l’on peut compter sur eux pour débouler, à fond la caisse, et de tous les côtés du terrain... Mais s’ils parviennen­t à contenir leur puissance, s’ils font preuve d’une vraie déterminat­ion, de constance, de concentrat­ion, de réalisme et d’ambition, et si Jonathan Wisniewski, qui aura les clés du camion, réalise le match espéré, les Toulonnais ne seront sans doute encore pas loin du résultat escompté. Car question résilience et même «culs salés », eux n’ont rien à envier aux Rochelais...

 ?? (Photo Leriche/Boutria) ?? Les Rochelais n’ont toujours pas digéré leur éliminatio­n, l’an dernier en demi-finale. L’accueil du stade Marcel-Deflandre s’annonce très chaud pour les Toulonnais.
(Photo Leriche/Boutria) Les Rochelais n’ont toujours pas digéré leur éliminatio­n, l’an dernier en demi-finale. L’accueil du stade Marcel-Deflandre s’annonce très chaud pour les Toulonnais.

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