Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

VAR Les déchets du BTP maltraités

L’obligation faite aux négociants de matériaux de reprendre les déchets de chantier n’est pas sans conséquenc­e pour les petits artisans qui se plaignent de supporter l’essentiel des coûts de cette mesure

- E. CHARLES echarles@varmatin. fr

Des amas de gravats, du toutvenant et reliquats de chantier divers et variés… en bordure de la D43 entre Forcalquei­ret et Camps-la-Source, des déchets du bâtiment jonchent le sol. Une décharge sauvage qui monte peu à peu, à mesure que les dépôts interdits s’y amassent. Loin des regards. Pour Pierre Boulen, maçon à Sainte-Anastasie, les responsabi­lités sont toutes trouvées. « L’obligation faite aux profession­nels du bâtiment de gérer leur déchet de chantier favorise les dépôts sauvages» déplore l’artisan. S’il juge positifs les objectifs de valorisati­on et de recyclage de ces matériaux, imposés depuis le 1er janvier 2017 par la loi de transition énergétiqu­e, «ce sont les méthodes qui posent problème.»

« On ne sait pas du tout où on va ! »

Car il appartient aujourd’hui aux négociants de reprendre les déchets de chantier issus de leurs matériaux. Mais quand bien même ils disposent d’équipement à cet effet, ils facturent cette collecte au prix au poids ou au volume qu’ils fixent librement. Chez plusieurs grandes enseignes de négociants du bâtiment, les coûts ont ainsi explosé par rapport à ce à quoi devaient s’acquitter les artisans en déchetteri­e publique. Du simple au triple pour certains types de matériaux. « On ne peut pas facturer le mètre cube de gravats en big bag au même prix que la laine de verre ! » s’insurge encore le maçon, devis de 118 euros le mètre cube à l’appui, contre... 120 euros la tonne préalablem­ent. Pierre Boulen estime ainsi que les petits artisans sont les premières victimes de cette évolution, car « on n’a pas forcément les moyens adaptés pour gérer nous-mêmes la collecte et le transport des déchets. Il faut donc les faire enlever par une entreprise spécialisé­e, c’est un coût important. Il faut aussi les trier au préalable, ce qui implique un surplus de temps et de main-d’oeuvre… Prenez une fenêtre, il faut la démonter pour séparer le verre de l’alu ou du PVC... »Les grandes entreprise­s en revanche, auraient d’avantage de facilités en stockant directemen­t dans leurs bennes adaptées à chaque type de déchets, avant de pouvoir les faire retraiter… Surtout, Pierre Boulen ne comprend pas pourquoi il n’appartient pas au fabricant de mettre à dispositio­n des bennes de collectes pour les artisans directemen­t auprès des négociants. « C’est la double peine pour l’artisan qui doit répercuter ces coûts sur la facture au client… » conclut-il, bien décidé à ce que tous les acteurs de la filière se réunissent autour d’une table pour discuter de solutions concrètes et durables à «un problème qui ne fait que commencer… »

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(Photo E. C.) Pierre Boulen, artisan maçon, se désole de voir s’amonceler les déchets de chantiers dans ces déballes sauvages.

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