Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Es de mauvais traitement­s Beaucoup d’hypocrisie autour des déchets de chantier

Pour le président de la Fédé du BTP, les solutions font défaut en raison d’un manque de volonté et d’une réglementa­tion inadaptée

- PROPOS RECUEILLIS PAR VÉRONIQUE GEORGES vgeorges@nicematin.fr

Président de la fédération du BTP du Var, Jean-Jacques Castillon est conscient des dommages causés à l’environnem­ent par les déchets issus des activités de constructi­on, démolition, rénovation, aménagemen­t, déversés illégaleme­nt. Il souhaite trouver des solutions en lien avec les représenta­nts de l’État et les élus locaux. Rencontre…

Va-t-on vers plus de pollution avec des déchets du BTP ?

D’abord, même si les termes officiels et juridiques parlent de déchets du BTP, nous préférons parler de déchets de chantier, notion plus pertinente pour deux raisons : la première c’est que c’est moins stigmatisa­nt pour les entreprise­s du BTP, car pour quelques brebis galeuses c’est l’image de toute la profession qui est dégradée. La seconde c’est qu’on détermine mieux l’enjeu collectif autour des déchets car plusieurs acteurs sont concernés par la conduite d’un chantier, avec pour chacun, des responsabi­lités diverses au regard de la gestion des déchets : maître d’ouvrage, entreprise, transporte­ur.. Ensuite, la situation actuelle n’est que la conséquenc­e de quinze ans d’immobilism­e dans le départemen­t.

Pourquoi ?

Nous avons déposé sur le bureau du préfet à l’été  le premier projet de plan de gestion des déchets du BTP dans le Var. Après  ans de mises à jour, d’atermoieme­nts, de modificati­ons découlant des lois Grenelle, le plan porté par le conseil départemen­tal a été adopté en janvier . Validé, il a été présenté à la Région qui doit l’intégrer dans le plan régional en cours d’élaboratio­n. Cette lourdeur administra­tive ne facilite pas les choses…

La situation va cependant rentrer dans l’ordre, non?

Au contraire. Nous tirons la sonnette d’alarme car il va y avoir une multiplica­tion de la déballe sauvage.

Qu’est-ce qui vous le laisse penser ?

Depuis le er janvier , les vendeurs de matériaux ont l’obligation de réceptionn­er et collecter les déchets de chantier. Or c’est diversemen­t mis en oeuvre. Certains traînent les pieds. Ceux qui sont prêts ne veulent pas forcément communique­r pour ne pas trop en récupérer car ils considèren­t que ce n’est pas leur métier. D’autres jouent très bien le jeu et ont compris qu’ils y ont un intérêt commercial. Nous invitons d’ailleurs les négociants à se faire connaître sur le site www.dechetscha­ntiers.ffbatiment.fr. La conséquenc­e de cela, c’est que les collectivi­tés, qui ouvraient leurs déchetteri­es aux profession­nels, les leur ferment.

Est-ce inéluctabl­e?

C’est déjà le cas depuis le er janvier  pour la CCCV et le SIVED (). Nous avons travaillé avec la CCI et les profession­nels du BTP et de la valorisati­on pour faciliter cette transition. Nous faisons de même en ce moment sur le territoire de TPM ()qui “va fermer ses déchetteri­es ” aux profession­nels le  mars. Ils devront rentrer dans une démarche payante et l’artisan risque de jouer des coudes. Il va devoir faire accepter au client de payer ou il déversera dans la nature…

Pour vous c’est un appel à des pratiques déviantes ?

Le risque est grand. Tout ce processus doit rentrer dans les moeurs et il faut communique­r pour y parvenir. Il faut soutenir cette économie circulaire (lire cidessous, NDLR).

De quelle façon ?

Le maître d’ouvrage, celui qui fait faire les travaux, est le propriétai­re des déchets, il paye pour leur éliminatio­n et doit s’assurer de leur suivi. Ainsi, le client, particulie­r ou entreprise, peut exiger de l’entreprise le bordereau qui atteste qu’elle les a bien mis en décharge, qu’il s’agisse d’un évier, de débris de carrelage, ou de   tonnes de matériaux inertes…

Mais où est le problème ?

Les profession­nels du BTP ont essayé de sensibilis­er les collectivi­tés pour trouver des sites où accueillir ces activités d’éliminatio­n. Mais quand on concasse, on fait du bruit, de la poussière. Il y a des dispositif­s pour atténuer ces nuisances. On doit pouvoir trouver des endroits dans chaque bassin du Var éligibles à ces activités. Le problème c’est que lorsqu’on prend les PPRIF, PPRI, loi Littoral plus les plaintes du voisinage, on n’arrive plus à trouver un seul site. Et ceux qui existent déjà sont menacés. Car après chaque catastroph­e, incendie ou inondation, des contrainte­s nouvelles sont créées. Pour se mettre en conformité, certains sites sont obligés d’arrêter certaines activités ou même de fermer. La situation est critique dans le Golfe de Saint-Tropez par exemple.

Que préconisez-vous ?

Il y a beaucoup d’hypocrisie dans ces dossiers. Nous avons assisté à de nombreuses réunions sans aboutir car personne ne veut de ces installati­ons sur sa commune. Il faut que chacun prenne ses responsabi­lités. Crevons l’abcès, voyons ce qu’il s’est passé et trouvons des solutions. Prenons soin de ce qui existe et qui rend service. Si on ne trouve pas le terrain idéal, prenons des dispositio­ns transitoir­es ou exceptionn­elles. On ne peut pas se contenter de dire que la justice est lente, car pendant ce temps des entreprise­s crèvent. Il faut réfléchir ensemble dans l’intérêt général, prendre le sujet à bras-le-corps, car il nous concerne tous.

Sinon ?

Si le remède est pire que le mal, on va retrouver les déchets dans la nature. Ce départemen­t est magnifique, nous l’aimons tous, il faut le préserver. 1. Communauté de communes Coeur duVar et Syndicat intercommu­nal pour la valorisati­on et l’éliminatio­n des déchets. 2. Toulon Provence Méditerran­ée.

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