Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Les vandales

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Good bye Gobee... Après seulement quatre mois, la société hongkongai­se de location de vélos en libre-service s’en va de France. Les casseurs ont gagné. « Depuis la mi-décembre, c’est un effet domino de dégradatio­ns qui s’est abattu sur notre flotte », explique un communiqué de l’entreprise, précisant que mille de ses vélos ont été volés ou « privatisés » et près de   « endommagés ». Elle avait déjà annoncé son retrait de Belgique et d’Italie. Ce qui prouve – maigre consolatio­n – que nous n’avons pas le monopole du vandalisme… Le P.-D.G. de Gobee, un Français de  ans installé à Hongkong, d’où il a assisté à l’essor de ce modèle en Asie (, millions de vélos partagés rien qu’à Pékin), ne s’attendait pas à un tel fiasco. Nous non plus. Sur le papier, le système dit de free floating a bien des atouts : plus de bornes, plus de stations (vous savez, celles où il n’y a plus de vélo disponible, ou alors pas de place pour se garer). Les vélos, disséminés en ville, sont géolocalis­ables via une appli pour smartphone. Il suffit de déverrouil­ler l’antivol en scannant un code-barres et roule. A l’arrivée, on laisse l’engin sur place. Simple et commode. Pas étonnant que le marché explose (notamment en Asie et en Amérique du Nord), et qu’il suscite des convoitise­s. A Paris, vu le désastre qu’a été le lancement du nouveau Vélib, les Gobee, Ofo, Obike et cie se frottaient déjà les mains. Ils ont vite déchanté. Nous n’entrerons pas ici dans le débat de spécialist­es entre partisans du vélo en station et du vélo sans station. Ce qui nous interroge et nous trouble, et nous fait même un peu honte, c’est ce que l’affaire nous dit de notre pays : un tel degré d’incivisme, d’égoïsme et de malhonnête­té n’est pas seulement choquant. Il est incompréhe­nsible. Vu de Berlin, de Tokyo ou de Stockholm, il donne de la France une image détestable. Pourquoi les vélos sont-ils systématiq­uement volés ou vandalisés (les Vélib aussi, d’ailleurs) ? De doctes sociologue­s se sont penchés sur la question, sans vraiment conclure. Nous hasarderon­s une hypothèse : dans une société nourrie de défiance et de détestatio­n des élites, il est des actions stupides et immorales qui se donnent pour des actes de défi ou de rébellion. Et cela n’excuse rien du tout.

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