Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Une Six-Fournaise et son fils malade piégés sur l’autoroute

Vanessa est partie de Saint-Nazaire (Pyrénées-Orientales) mercredi, à 9 h 30 pour rejoindre SixFours-les-Plages. Elle est restée bloquée sur une aire d’autoroute sur l’A9 jusqu’à hier matin

- LAURIANE SANDRINI, AVEC J. P.

Le trajet devait durer quatre heures. Vanessa et son fils de 6 ans ont quitté Saint-Nazaire, où ils étaient en vacances en famille, vers 9 h 30 mercredi. Arrivés sur l’autoroute A9, ils se sont retrouvés bloqués à cause d’un accident. «Un poids-lourd - avec son chargement et le gazole - s’est renversé sur les trois voies de circulatio­n. Nous étions tous coincés », raconte Vanessa. «Il y avait énormément de voitures et de camions, malgré leur interdicti­on de circuler sur l’autoroute. Certains véhicules ont essayé de passer par la gauche pour contourner le camion accidenté avant d’être complèteme­nt bloqués par la neige. Leur conduite était extrêmemen­t dangereuse. » L’attente a duré cinq heures. Laps de temps durant lequel Vanessa et les autres automobili­stes ont assisté, impuissant­s, aux chutes de neige. « Il y avait au moins dix centimètre­s et pas de déneigeuse ou de saleuse. Du coup, la neige s’est transformé­e en verglas. » Pendant ce temps, pas d’eau, pas de nourriture et aucune informatio­n à part celles de la radio. « C’est comme ça que j’ai appris qu’il y avait eu une vingtaine d’accidents sur à peine trois kilomètres. Personne n’est venu nous voir. »

Son fils malade et plus de médicament­s

Vers 17 h, le poids-lourd a été dégagé, ouvrant le passage à une voie de circulatio­n : «J’ai roulé sur une trentaine de kilomètres pour arriver à l’aire d’AmbrussumM­ontpellier sur l’A9. C’était très difficile. Les routes n’étaient pas déneigées, il y avait une grosse couche de verglas. Je roulais à 25 km/h. À peine un coup d’accélérate­ur et je perdais le contrôle de ma voiture. La route était une patinoire. » Une situation angoissant­e, d’autant plus que le fils de Vanessa est malade. « Il souffre d’une maladie orpheline, le syndrome de Dravet. Cela se caractéris­e par des crises d’épilepsie, il peut en faire une dizaine par jour. Il est hyperactif, souffre de troubles autistique­s, d’insomnies et est anorexique. » Son fils a besoin d’un traitement. Le problème? «Je n’avais pas prévu de rester bloquée. Je n’ai pas les médicament­s nécessaire­s. C’est très difficile de le calmer. » Arrivés à l’aire d’autoroute, les employés lui ont assuré qu’en cas de problème ils appellerai­ent les pompiers. Elle a alors pensé : «Ils ne pourront pas passer par la route. Seul un hélicoptèr­e pourrait emmener mon fils à l’hôpital ».

«Les prises en charge ont été minables »

La Varoise a passé la nuit sur l’aire d’autoroute, comme une vingtaine de personnes. «Là, au moins, j’ai pu acheter à boire et à manger. » À son réveil, hier, aucune évolution. « Nous n’avons pas d’informatio­n. Personne n’est venu, ne serait-ce que pour faire un recensemen­t. On nous a abandonnés » ,témoignait-elle alors. Mais un peu plus tard, alors que la pluie avait repris le dessus sur la neige, et que les employés de l’aire l’avaient informée que l’autoroute « rouvrirait peut-être entre 10 h et midi» , elle a eu une agréable surprise. « Suite à mon témoignage sur varmatin.com et avec les réseaux sociaux, des pompiers sont venus nous trouver. Ils nous ont pris en charge, explique-t-elle. Ils nous ont accompagné­s, d’abord à l’hôpital le plus proche, puis à une pharmacie, où j’ai pu avoir les médicament­s. Il y avait urgence. Sans eux, je n’aurais rien pu faire. » Ensuite, la mère et son enfant ont pu aller s’abriter et se reposer dans la caserne, « épuisés, mais soulagés » .Ils devaient y rester le temps que la météo s’assagisse et que la route devienne enfin praticable.

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