Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Des milliers de contrôles de parcmètres «bidon» à Paris

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C’est un nouveau scandale qui éclabousse les entreprise­s en charge du contrôle du stationnem­ent payant dans les rues de Paris. Après les agents verbalisat­eurs contrôlés positifs au cannabis, Le Canard enchaîné a révélé, hier, la véritable entourloup­e dont a été victime la mairie de Paris. La société Streeteo, l’une des deux mandatées par la municipali­té, a réalisé des milliers de contrôles fictifs pour gonfler ses chiffres et tenir les objectifs fixés par son contrat. Des milliers de contrôles de véhicules ont ainsi été réalisés sans se déplacer, autour d’une table dans un bureau, révèle l’hebdomadai­re satirique ainsi qu’un ancien employé, qui a posté une vidéo sur Youtube au mois de février. « C’est un système que l’entreprise a mis en place pour gonfler les chiffres de contrôle », a expliqué au Parisien un ancien chef d’équipe qui a démissionn­é récemment. « Très vite, en janvier, Streeteo s’est rendu compte qu’on ne pourrait pas atteindre les objectifs de la Ville de Paris. Après avoir mis en place ce système, au moins la moitié des contrôles étaient effectués dans les bureaux », a-t-il encore indiqué.

GPS désactivé sur les PDA

Le « système », c’était de demander à des agents d’entrer dans leur PDA – l’appareil qu’ils utilisent pour réaliser leurs contrôles – des listes entières de plaques d’immatricul­ation. Réunis dans un bureau, ils devaient entrer à la chaîne ces numéros, comme s’ils étaient dans la rue. « On nous demandait de désactiver le GPS de nos PDA pour que les contrôles ne soient pas localisés », selon l’ancien employé. Les listes de plaques d’immatricul­ation étaient issues des pré-contrôles effectués par les véhicules LAPI (lecture automatisé­e des plaques), réalisés parfois plusieurs jours plus tôt, indique Le Parisien. Ces faux contrôles n’ont pas entraîné de frais de post-stationnem­ent (FPS), le nouveau nom des amendes depuis la privatisat­ion du contrôle du stationnem­ent : elles auraient été immédiatem­ent et massivemen­t contestées.

Les non-verbalisat­ions explosent

« La consigne était, en enregistra­nt les plaques, de donner un faux motif pour justifier l’absence de FPS », explique l’ex-employé. Parmi ces motifs, la présence de l’automobili­ste au volant, son agressivit­é ou la possession d’une carte de personne à mobilité réduite (PMR). Résultat : la mairie de Paris a constaté une explosion du nombre de non-verbalisat­ions pour cause de carte PMR. L’adjoint aux transports, Christophe Najdovski est même intervenu lors du dernier Conseil de Paris pour évoquer l’augmentati­on du nombre de fausses cartes, rappelle Le Parisien. C’est peu après que la municipali­té a compris qu’un système de faux contrôles avait été mis en place et a convoqué Streeteo. « À la suite de ce rendez-vous, les dirigeants de Streeteo ont diligenté une enquête interne qui a confirmé un dysfonctio­nnement, a écrit la mairie de Paris dans un communiqué. Ils y ont mis totalement un terme dès le 22 février, tout en engageant des mesures disciplina­ires à l’égard du cadre qui en était à l’origine. » Selon Le Canard enchaîné, la ville a également infligé une pénalité de 60 000 à la société Streeteo.

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