Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Regis Ravanas de TF: «Opérateurs et chaînes sont condamnés à s’entendre»
Le directeur général adjoint du groupe TF1 évoque la partie de bras de fer engagée par les chaînes avec ses distributeurs, qui a pris en otage les téléspectateurs
Régis Ravanas, le directeur général adjoint de TF1, revient sur le conflit qui oppose la chaîne avec les opérateurs. Alors que des milliers de téléspectateurs abonnés à Canal+ se sont retrouvés privés de programmes la semaine dernière, un accord a été trouvé avec Orange. Les négociations se poursuivent avec Free et Canal+.
Un accord a été trouvé avec Orange, Canal+ vient de remettre le signal de TF pour ses abonnés… Est-ce la fin du bras de fer ?
Canal+ avait déjà remis le signal sur le satellite, que ce soit CanalSat ou TNT Sat. Nous n’avions d’ailleurs pas compris pourquoi ils l’avaient coupé, notamment sur TNT Sat, qui est un peu le service public de la TNT sur le satellite, puisqu’il permet à des personnes qui se trouvent dans des zones qui ne captent pas le signal hertzien de recevoir la TNT. En outre, sur les boxes, pour ceux qui sont abonnés à Canal via leur opérateur de téléphonie, même si nous n’avons pas encore trouvé d’accord, cela ne nous pénalise pas pour autant parce que les téléspectateurs ont toujours pu continuer à voir les chaînes du groupe TF au travers de l’offre fournie par leur opérateur.
En revanche, un accord a été trouvé avec Orange…
Et nous en sommes très heureux. Car cet accord va nous permettre d’offrir davantage de contenus, notamment au travers de deux nouvelles chaînes TF+ et TMC+ qui permettront de regarder les programmes en décalé d’une heure. En enrichissant aussi l’offre de Tfou Max destinée à la jeunesse et en diffusant en k certains événements tels que la Coupe du monde de football ou les grands prix de F. C’est un accord qui offre une réelle amélioration de l’expérience télévisuelle des téléspectateurs.
Tout ça n’est donc pas qu’une histoire de gros sous ?
Pour offrir de nouveaux services aux téléspectateurs, il faut bien les financer. TF investit chaque année un milliard d’euros dans la création de contenus, que ce soit les grands divertissements que sont The Voice, Koh-Lanta, Miss France ou Les Enfoirés, et dans la qualité de son information. Aujourd’hui, nous avons donc besoin des opérateurs pour financer la qualité de nos grilles de programme.
Leur argument était pourtant de dire qu’ils n’étaient pas prêts à payer pour ce qui est gratuit par ailleurs, notamment sur la TNT…
Ce n’est en tout cas pas gratuit pour leurs clients qui payent leur abonnement. Ces opérateurs leur vendent donc nos chaînes. Notre argument est de dire qu’en conséquence, il est normal qu’ils participent aussi à leur financement. Même si les discussions se poursuivent avec certains d’entre eux, tous en conviennent d’ailleurs. Tout simplement parce que nous n’inventons rien : c’est comme cela que ça se passe partout en Europe.
Où est-ce que le bât blesse, alors ? Au niveau de vos prétentions ? Le chiffre de cent millions d’euros a été avancé…
Je peux vous assurer que TF n’a jamais envisagé de tels montants. Cette estimation a été calculée sur la base de nos propositions de vente, mais c’est comme en matière de publicité, entre le tarif brut et le tarif net, il y a toujours une grosse marge de négociation.
Quel est le montant de l’accord que vous avez passé avec Orange, par exemple ?
Nous ne donnons jamais ces chiffres, mais ce que je peux vous dire, c’est que nous sommes très heureux du résultat de nos négociations avec les trois opérateurs avec lesquels nous avons déjà trouvé un accord. Nous pensons que ce sont de bons accords, avant tout pour les téléspectateurs, parce qu’ils vont permettre une amélioration du service qui leur est rendu. Et permettre ainsi, aux opérateurs, une différenciation forte par rapport à ce qu’offre la TNT.
Restent Canal et Free. Comment avancent les choses ?
Avec Canal, nous avons eu une période un peu tendue. Mais en réalité les opérateurs et les chaînes sont condamnés à s’entendre. Nous y avons mutuellement intérêt.
Justement, compte tenu de la baisse des audiences, auriez-vous pu poursuivre longtemps cette partie de bras de fer ?
Tout d’abord, cette crise, nous ne l’avons pas souhaitée. Mais après tout, pendant longtemps, de à , TF n’a pas été diffusée sur Canal Sat. C’est donc quelque chose de possible, même si cela n’est souhaitable pour personne.
Le risque n’était-il pas une baisse des annonceurs, qui vous aurait fait perdre d’un côté ce que vous espériez gagner de l’autre ?
Les annonceurs nous ont soutenus. Et pour ce qui est de l’audience, elle est déjà revenue.
Il ne reste plus qu’à finaliser avec Canal et Free. Une question de jours, peut-être d’heures ?
À ce stade, sincèrement, il est impossible de dire quand les dernières négociations aboutiront.