Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

L’envers de son décor...

Créateur de décors, Eric Nicolini a fait de sa passion un métier. Chez lui, à Saint-Raphaël, l’homme nous dévoile ses créations, qui ne sautent pas toujours aux yeux !

- Textes : Carine BEKKACHE cbekkache@nicematin.fr Photos : Philippe ARNASSAN

Sans peine, au beau milieu de son jardin, Eric Nicolini soulève l’imposant rocher, le porte au-dessus de sa tête, puis sourit à l’objectif. « Je l’ai fabriqué en résine de polyester… Il pèse moins lourd qu’un vrai ! », glisse-t-il, entre deux flashs. En y regardant de plus près, dans les moindres détails de cet espace de verdure aux allures tropicales, ce n’est d’ailleurs pas le seul « faux » à avoir l’apparence du vrai… Une fois son rocher à terre, le créateur de décors reprend, pointant du doigt une arche à sa droite : « C’est une réplique d’une partie des temples d’Angkor. Je l’ai faite grâce à des restes de chantiers. Et toutes les pierres que vous voyez là, en contrebas, ne sont pas des vraies. » Il sourit. « Il m’arrive souvent de faire les poubelles… Je récupère tout ! » Ainsi, entre ses mains, rien ne se perd, tout se transforme, et de façon souvent surprenant­e.

« N’essayez pas d’ouvrir la porte, elle est fausse ! »

L’homme attrape le petit tyrannosau­re qui lui fait face. « C’est l’une de mes toutes premières créations. Je me suis laissé guider par la forme des pierres. Quant aux yeux, ce sont des billes récupérées dans les aérosols », précise-t-il, avant de reposer l’objet sur une table en bois. Enfin, du moins, ayant l’air de l’être... « C’est de la résine de polyester, encore et toujours !, s’exclame, amusé, Eric Nicolini. Mais venez, il y a mieux. » Le Raphaëlois nous conduit au fond du jardin, devant un cabanon vieillissa­nt, sur lequel se faufile du lierre. Pourtant si réaliste... « N’essayez pas d’ouvrir la porte, prévient-il, elle est fausse ! Comme tout le reste. » Hormis, bien sûr, la passion. Celle qu’Eric vit au quotidien, depuis plus de trente ans. « J’ai obtenu mon diplôme aux arts décoratifs à Nice, à la fin des années 80. Je m’étais spécialisé dans la récupérati­on de l’image. Dans un premier temps, avec deux de mes collègues, nous travaillio­ns sur des décors d’aquarium. Puis, au cours de l’année 1992, nous avons été sollicités pour réaliser un décor de pavillon monégasque à l’exposition universell­e de Séville. » Un déclic pour ce passionné à plein temps ! « C’était mon premier grand décor, fait entre autres de tombants rocheux et d’amphores. Depuis ce jour, je n’ai plus jamais arrêté. » Eric Nicolini étant l’auteur d’innombrabl­es créations, réalisées dans le départemen­t et au-delà... « J’ai travaillé pour des casinos de jeux à La Ciotat, à Biarritz et à Cannes, mais aussi pour le compte des Bâtiments de France. Puis à Fréjus, où j’ai réalisé le galion, les fausses cartes et le coffre aux trésors du parc aquatique. J’ai également moulé la porte de la cathédrale Saint-Léonce et les colonnes du cloître. Et je travaille actuelleme­nt sur une caverne en faux rochers pour un escape game vendéen. »

Son empreinte dans la villa de Johnny à Ramatuelle

Et même s’il ne s’y attarde pas vraiment, Eric a aussi connu ses moments de gloire... « Mes répliques de vestiges de Carthage se trouvent aujourd’hui dans un palais royal saoudien. » Il esquisse un sourire. « Et c’est moi qui ai fait l’habillage du jacuzzi de la villa Lorada, ancienne propriété de Johnny à Ramatuelle, où est gravé le symbole Harley. » Un beau parcours pour ce créatif dans l’âme, qui ne trouve pas les mots pour se dépeindre. Son épouse, Joëlle, venant alors à sa rescousse : « Je ne suis pas objective, c’est mon mari [rires]. Mais je dirais : cultivé, bavard et, surtout, passionné ! » Trois qualificat­ifs qui, de toute évidence et de façon tout à fait objective (cette fois), sautent aux yeux de celles et ceux qui poussent les portes de l’univers Nicolini.

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 ??  ?? Créateur, sculpteur et collection­neur invétéré, amateur de brocantes et de vide-greniers, Eric Nicolini cultive son univers, entre faux décors et robots insolites confection­nés à l’aide d’objets du quotidien. Avec ce roi de la récup’, rien ne se perd,...
Créateur, sculpteur et collection­neur invétéré, amateur de brocantes et de vide-greniers, Eric Nicolini cultive son univers, entre faux décors et robots insolites confection­nés à l’aide d’objets du quotidien. Avec ce roi de la récup’, rien ne se perd,...

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