Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Le maçon de Cogolin avait tué les passagers d’un scooter sur la RD
Ce conducteur de 40 ans a été condamné hier par le tribunal correctionnel de Draguignan à deux ans de prison avec sursis, au bénéfice notamment de son casier judiciaire vierge
Le dimanche 15 novembre 2015, les deux occupants d’un scooter à trois roues avaient trouvé la mort au Muy, dans une collision frontale avec une voiture sur la route départementale 25. Deux morts de plus dans une longue cohorte de victimes sur l’un des axes les plus meurtriers de l’est varois, compte tenu de sa fréquentation très importante, vu son statut de porte d’entrée du golfe de Saint-Tropez en sortant de l’autoroute A8. Ce n’est pourtant pas faute d’avoir multiplié les aménagements de sécurité sur cette route, mais au cas d’espèce, c’est encore une faute de conduite qui a tué. L’auteur de cet accident a été condamné hier par le tribunal correctionnel de Draguignan à deux ans de prison avec sursis, au bénéfice notamment d’un casier judiciaire vierge.
En faute et sous ecstasy
À l’audience comme au moment des faits, ce conducteur francoroumain de 40 ans, un maçon domicilié à Cogolin, a reconnu sa faute et a exprimé des regrets qui semblaient sincères envers les familles des deux victimes. Sa responsabilité pénale était écrasante. Sortant tout juste de l’autoroute et empruntant la longue descente de la RD 25 vers Sainte-Maxime, il avait profité d’une bonne visibilité pour dépasser un camion. Sauf qu’à cet endroit, la ligne continue interdit tout dépassement. De plus, il n’avait pas vu la voiture qui roulait devant le camion, et qui a prolongé sa manoeuvre. Il s’est alors retrouvé face au scooter et la collision a été terrible. L’un des occupants a eu un bras arraché, et tous deux ont succombé à leurs blessures. Outre cette imprudence, les analyses ont révélé que le maçon était positif à l’ecstasy.
Présent néanmoins
Selon lui, c’étaient les deux autostoppeurs italiens, qu’il avait pris à son bord sur l’autoroute, qui lui avaient remis des cachets qu’il avait avalés. Il leur avait dit qu’il avait mal à la tête, et sur le flacon qu’ils lui avaient passé, il y avait l’étiquette d’un médicament contre les céphalées. En fait, il ignorait qu’il avait pris une drogue. « Il dit qu’il a été abusé en croyant avoir pris un médicament, pourtant les cachets d’ecstasy n’ont rien à voir avec du paracétamol ,anoté le procureur Guy Bouchet. Ils entraînent un ralentissement moteur et une baisse des réflexes. » Il a tenu compte de l’absence de passé judiciaire du conducteur pour limiter ses réquisitions à deux ans de prison avec sursis, l’annulation du permis de conduire et la confiscation de sa voiture. En défense, Me Marie-Luce Chabert a de plus demandé au tribunal de prendre en compte le fait que le maçon soit présent. « Il aurait pu se sauver en Roumanie, puisqu’il était sous contrôle judiciaire. Mais il tenait à répondre de sa responsabilité pénale. Il a même apporté un sac de vêtements en cas d’incarcération. » Le maçon a quitté le palais de justice libre, sans voiture ni permis, avec interdiction de le repasser avant un an. Il a en outre été condamné à verser 60 000 d’indemnités aux proches de l’une des victimes.