Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Peines aménageabl­es pour deux casse-cou de la route varois

- G. D.

Dans la nuit du 25 au 26 juillet 2015 vers 1 heure, Nicolas, 21 ans, et Lilian, 20 ans, s’étaient livrés à une course-poursuite en voiture, en descendant d’Ampus vers Draguignan. Sur les neuf kilomètres de cette route très sinueuse, le second cherchait à doubler le premier, qui l’empêchait de passer. Arrivés dans les faubourgs de Draguignan, à La Clappe, Lilian a profité d’une courte ligne droite pour dépasser son copain. Mais il n’a pas eu le temps de se rabattre avant un virage sans visibilité. Un virage dans lequel arrivait en face un policier, qui venait de quitter son service et rentrait chez lui à moto. Hier, le brigadier Didier Gonzalez Lopez est venu en fauteuil roulant assister au procès correction­nel des deux jeunes gens qui ont fait de lui un invalide, bouleversa­nt à jamais sa vie et celle de ses proches. Tous deux ont pleuré à l’évocation des faits. Ils ont été condamnés à quatre ans de prison, dont deux avec sursis, évitant le mandat de dépôt à l’audience que le procureur avait requis contre eux.

Caméra embarquée

C’est en quelque sorte la « course de côte d’Ampus » à l’envers qu’avaient disputée les deux jeunes conducteur­s, Nicolas au volant d’une Twingo et Lilian à bord de sa 106. Au cours de leur folle descente, ils avaient doublé quatre voitures et en avaient croisé sept autres. Mais ce sont les images de la caméra embarquée, que Lilian avait fixée sur son pare-brise, qui ont permis au tribunal de prendre la pleine mesure des risques qu’ils ont fait courir à tous les autres usagers. Occupant toute la route, coupant tous les virages à gauche, au mépris de la ligne continue, doublant dans des virages sans visibilité, la vidéo ne cachait rien de leurs excès. Après avoir percuté le motard, la voiture de Lilian a fini sa route contre un arbre et s’est embrasée. Les occupants n’en sont sortis qu’à grand-peine. Didier Gonzalez a dû être amputé de la jambe gauche sous le genou, et a perdu l’usage de son bras gauche.

Le procureur voulait l’incarcérat­ion

«La différence entre vous deux et la victime, c’est que c’était votre choix ,a observé la présidente. M. Gonzalez n’avait rien demandé. Et l’injustice, c’est aussi quelque part que vous êtes tous les deux biens portants. » Pour le procureur Vincent Jacquey, la responsabi­lité des deux conducteur­s était engagée. Celle de Lilian ne faisait aucun doute, puisque c’est lui qui avait percuté le motard. Quant à Nicolas ? « En acceptant cette course, il a contribué à créer une situation qui a permis la réalisatio­n du dommage. » Estimant que dans cette affaire «on ne peut pas ne pas avoir de peine d’emprisonne­ment ferme », il a requis contre eux quatre ans de prison, dont dixhuit mois avec sursis, avec mandat de dépôt et annulation de leurs permis de conduire.

Du temps a passé

Pour la défense de Lilian, Me Gestas a plaidé le bénéfice d’une « peine utile, un travail d’intérêt général le week-end pour travailler auprès d’accidentés de la route ». Le bâtonnier Yves Rosé a demandé au tribunal de tenir compte de la personnali­té des deux jeunes gens, parfaiteme­nt insérés dans la société. « Ils ont commis des fautes inacceptab­les. Mais ils n’ont jamais été condamnés. On doit les juger pour ce qu’ils sont. » Commentant sa décision, la présidente a indiqué qu’elle ne prononçait pas de mandat de dépôt, « compte tenu du temps qui a passé et des efforts qui ont été faits ». Elle a annulé les permis de conduire de Nicolas et Lilian, qui ne pourront les repasser avant cinq ans.

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