Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Enzo Angles : le revenant !

Victime d’une blessure, le champion d’Europe junior 2013 a connu une traversée du désert. Mais il n’a jamais abandonné et sa médaille d’argent aux France prouve qu’il a eu raison

- RAPHAËL COIFFIER

A7 ans, à peine plus haut que la table, Enzo Angles aiguisait déjà la curiosité des spécialist­es. Le Dracénois possédait ce talent inné. Cette facilité à rendre folle la petite balle blanche et dingues ses rivaux. Dépassés par le jeu de ce gamin aux ambitions clairement inscrites dans le marbre. Et dans son large sourire carnassier... A 7 ans, à peine plus haut que la table de ping, il rêvait d’un futur majuscule. A des campagnes ponctuées d’accents circonflex­es. Ce qui fut le cas jusqu’aux sournois points de suspension. Par bonheur éphémères... Enzo a ainsi gravi les échelons de la renommée. De ses premières frappes au club de Fayence, il ne reste que des courants d’air. Voire quelques photos froissées par le temps... Le surdoué a effacé les haies de houx. Pole Espoir Côte d’Azur, Pole France à Nantes, le natif de mai fait ce qui lui plaît. Enchaîne les triomphes. Empile les couronnes. Se grise... Il passe de la Nationale à Fréjus à la Pro A à Issy-les-Moulineaux. A croire que rien ne résiste au souffle chaud du sud. A l’orage Angles, soufre tombé du ciel. Sacré champion d’Europe juniors en 2013. Certains voient alors en lui l’héritier des Secrétin, Gatien. Le péril bleu des empereurs chinois...

Ses certitudes se brisent sur la blessure

Bien lui en a pris d’abandonner le football pour le pong. Art qu’il cultive encore et encore au coeur de l’INSEP. Déraciné. Loin, sans l’être, d’Eric, son père, entraîneur de... tennis de table forcément ! Le gaucher confesse ne pas en avoir trop souffert de cette séparation. Déterminé à se faire un nom au fil des tournois qu’il écume à son aise. Vite. Trop vite peutêtre... « J’avais ça dans le sang. Je prenais du plaisir et je gagnais, alors... » En un éclair, l’intrépide décoche ses flèches. Lévite mais finalement ne l’évitera pas. L’écueil. Sur lequel se brisent ses certitudes... Une vilaine blessure à la hanche le stoppe dans son élan. Son ascension. Au point qu’il disparaît des écrans radars. Est oublié en un claquement de doigt. Comme une amnésie collective... Son château de cartes, fort de tant d’atouts, s’écroule sous le poids de la fatalité. La claque est terrible. L’anonymat, brutal, insupporta­ble pour le champion programmé à rayonner sur les échiquiers mondiaux. Pour celui qui «voulait vivre de son sport... »

Un corps et un mental en reconstruc­tion

Pour autant, Enzo n’arrondit pas les angles. Battant, il défie le destin. Une énergie peut-être puisée au centre d’entraîneme­nt privé allemand d’Ochsenhaus­en. « Certaineme­nt le meilleur d’Europe» précise le Varois en pleine renaissanc­e. Car depuis sa traversée du désert, de l’eau a coulé sous son pont des soupirs. Le gamin est désormais un jeune homme. A la peau dure et l’innocence évanouie. Le fruit de mois de noirceur... Le pongiste varois a su se reconstrui­re. D’abord un corps. Puis un mental. Deux armes qui l’ont mené, ce moisci, à un titre de vicechampi­on de France obtenu contre Alexandre Robinot. Une médaille totalement inattendue. Comme un coup de grisou, source d’argent ! Dans la foulée, le revenant s’est engagé avec le SPO Rouen du président Dominique Fache. « Avec pour objectif de m’inscrire dans le top 100 internatio­nal car je ne suis pas encore grillé. » Qui oserait en douter ?

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(Photo DR)
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(Photo B. Q.) Golf Up, première !
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