Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Guiberto : ingénieur militaire du duc de Savoie, il devient architecte des lieux de culte

- ANDRÉ PEYREGNE

Pour effectuer les travaux de reconstruc­tion de la cathédrale, Mgr Palletis a fait appel à un architecte niçois, Jean-André Guiberto. Né à Nice en , fils d’un homme de loi, Jean-André Guiberto, ou Guibert, commença dans le métier des armes. Il fut un des hommes forts du cardinal Maurice de Savoie qui, ayant renoncé au clergé et ayant épousé sa nièce, attaqua avec une armée la ville de Nice en  pour la soustraire au contrôle de sa belle-soeur, Christine de France, fille d’Henri IV et de Marie de Médicis, qui régnait sur cette ville en tant que régente du Duché de Savoie. Elle assurait cette régence à la place de son fils Charles-Emmanuel II qui était trop jeune pour régner. Devenu gouverneur de Nice, l’ex-cardinal récompensa Guiberto en lui confiant de multiples tâches d’architecte. Il devint responsabl­e des travaux officiels, militaires et civils et religieux réalisés à Nice. Dont la cathédrale. Mais aussi l’Église jésuite dite du Gesu à Nice. Il est également l’architecte des églises de l’Escarène, de la cathédrale de Sospel et, probableme­nt, du sanctuaire de Laghet. Lorsqu’en , il abandonna les travaux de la cathédrale de Nice, la suite fut prise par MarcAntoin­e Grigho, qui fut l’un des architecte­s du palais princier de Monaco. Jean-André Guiberto est mort à Nice en . (lire l’encadré Vers le milieu du XVIe siècle, une seconde cathédrale est construite sur la colline du château. Elle est appelée cathédrale Notre-Dame. Un dessin d’Ercole Negro, de , permet de voir à quoi elle ressemblai­t. Une crypte a dû être construite au niveau des cathédrale­s précédente­s. Après le transfert de la cathédrale dans l’église Sainte-Réparate au pied du château, en , cette cathédrale sera reléguée au rang d’église du château. Elle sera détruite le  mars , lors de l’attaque du château par l’armée française commandée par le général Catinat (photo ci-dessus), envoyé par Louis XIV. Le bombardeme­nt du donjon mettant le feu à une énorme réserve de poudre fit sauter tous les bâtiments alentour, dont l’église, projetant les pierres à plusieurs centaines de mètres à la ronde. Dans la première moitié du XVIe siècle, une série d’actes entérine le transfert du siège de la cathédrale, depuis la colline du château jusqu’à l’église SainteRépa­rate. En , une cérémonie officialis­e la chose. Sous la présidence de l’évêque Pallavicin­i et en présence du duc de Savoie, l’église Sainte-Réparate est reconnue comme « chiesa-cattedrale » (dénominati­on de cathédrale en italien). A la suite de l’effondreme­nt de la voûte et de la mort de Mgr Palletis, les travaux de la cathédrale ne reprendron­t qu’en  avec l’évêque Provana (en photo ci-contre). Le gros oeuvre se termine en . La nouvelle cathédrale est consacrée le  mai . Mais le campanile, démoli en , ne sera reconstrui­t qu’en . Les dernières maisons alentour ont été détruites en  et la façade prévue par Jean-André Guiberto achevée en , soit cent quatre-vingt ans après le début des travaux.

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(DR) Au sein de la cathédrale, la coupole de la chapelle Sainte-Réparate, dont la reconstruc­tion avait été exigée par l’évêque, explique pourquoi il cherchait sans arrêt de l’argent
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 ?? (DR) ?? L’église de l’Escarène, construite par Guiberto.
(DR) L’église de l’Escarène, construite par Guiberto.

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