Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Dix ans pour le violeur de la cité de La Beaucaire
Accusé de viol sur une sexagénaire, à Toulon, un toxicomane séropositif de 42 ans a été condamné hier, par la cour d’assises du Var. L’accusé avait continué a contesté les faits lors de ce procès
Hier au palais de justice de Draguignan, Samir Tabti, un polytoxicomane toulonnais de 42 ans, n’a pas réussi à convaincre le jury des assises de son innocence. À savoir que la nuit du 21 au 22 mai 2016, près des HLM de La Beaucaire, une femme de 63 ans voulait absolument avoir de son plein gré une relation sexuelle, à même le sol dans le froid de la nuit, avec lui, un toxicomane séropositif. Déclaré coupable de viol, il a été condamné à dix ans de réclusion.
Cocktail toxique
Vu son état de délabrement et ses propos lors de son arrestation, quelques heures après les faits, les policiers avaient jugé prudent de faire examiner Samir Tabti par un psychiatre, avant de le placer en garde à vue. Le praticien avait conclu à des troubles du caractère, mais rien qui puisse justifier un internement sous contrainte. « Il utilisait deux forts psychotropes en usage détourné, avait noté le psychiatre. Des produits à visée de camisole chimique. Il se les injectait plutôt que de les prendre par voie orale. Il se faisait des injections directement dans le cou, très dangereuses. C’était le reflet d’une toxicomanie très importante et ancienne. » Un second expert avait examiné Samir Tabti en cours d’instruction. Il lui avait déclaré qu’il utilisait des quantités très importantes de médicaments : des psychotropes, un substitut de la cocaïne et un stimulant du système nerveux, habituellement prescrit aux épileptiques. Il disait voir chaque mois vingt-quatre médecins, sous trois identités différentes, pour en constituer des stocks, qu’il utilisait pour sa consommation personnelle, ou qu’il revendait. « La psychiatrie ne peut rien pour lui, a conclu l’expert. Il n’y a pas de pathologie, mais une personnalité antisociale et dyssociale. Les perspectives thérapeutiques sont quasiment inexistantes. »
Elle avait résisté
Aux intérêts de la victime, Me Danielle Deous a fait observer que cette sexagénaire, juste après deux heures de viol, ne songeait qu’à une chose : se laver et reprendre ses esprits. « Son fils a réussi à la convaincre d’appeler sur le champ la police. Grâce à cela, des constatations matérielles ont pu être faites immédiatement, Samir Tabti a pu être rapidement retrouvé, et la cour dispose aujourd’hui d’éléments concrets. » Des éléments qui ont été méthodiquement passés en revue par l’avocat général Carine Cauchy. Elle a souligné que Lucienne avait résisté quand son agresseur l’avait entraînée dans les fourrés, en freinant avec ses pieds autant qu’elle le pouvait. « Que pouvait-elle faire de plus face à un homme violent, déterminé et plus fort qu’elle ? On ne peut lui reprocher de s’être laissée faire pour survivre. » Face à des réquisitions de douze ans de réclusion, Me Said Benahmed a plaidé l’absence de preuves. «Les déclarations de la plaignante n’en sont pas une. Ne vous en tenez pas au décalage de la différence d’âges. » Les jurés sont revenus de leur délibéré avec une quatorzième condamnation pour l’accusé.