Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Attentats dans l’Aude : Philippe riposte aux critiques
Avant l’hommage national au gendarme Arnaud Beltrame prévu aujourd’hui, le Premier ministre a rejeté, hier, les accusations de la droite et de l’extrême droite
Ceux qui affirment, sans savoir, que cet attentat aurait pu être évité, ceux qui croient pouvoir promettre aux Français un risque zéro, je le dis : ceux-là prennent, dans leur légèreté, une bien lourde
responsabilité. » Édouard Philippe a rejeté, hier lors des questions au gouvernement à l’Assemblée nationale, en bloc les critiques de la droite et de l’extrême droite, qui se déchaînent depuis les attentats djihadistes dans l’Aude, avant l’hommage national au gendarme Arnaud Beltrame tombé en « héros » pour sauver une otage. Dans chacune des deux chambres, députés et sénateurs ont rendu hommage par une minute de silence aux victimes des attaques de vendredi à Trèbes et Carcassonne, dans lesquelles Radouane Lakdim, 25 ans, a tué quatre personnes.
Sa compagne mise en examen hier soir
Sa compagne, Marine P., âgée de 18 ans, a été mise en examen hier soir pour « association de malfaiteurs terroristes en vue de préparer des crimes d’atteintes aux personnes », a annoncé le parquet de Paris, qui a requis son placement en détention provisoire. Les enquêteurs ont, en revanche, levé la garde à vue d’un suspect de 17 ans, présenté comme un ami du tueur, faute « d’élément l’incriminant à ce stade ». À la veille du recueillement, la polémique – désormais habituelle après un attentat – sur le suivi de Radouane Lakdim et des islamistes radicaux n’a pas faibli. « Il n’y a pas pire instrumentalisation que de se cacher derrière un héros pour échapper à sa propre incompétence et à sa propre lâcheté. [...] Il n’y a pas pire mépris à l’égard des victimes que de ne rien vouloir changer », a accusé la présidente du Front national, Marine Le Pen. Le président des Républicains, Laurent Wauquiez, avait dénoncé lundi une « coupable naïveté » d’Emmanuel Macron, réclamant le rétablissement de l’état d’urgence et l’expulsion des étrangers fichés « S » (pour « sûreté de l’État »). Le Premier ministre leur a répliqué en affirmant se « méfie(r) des réponses juridiques rapides», alors qu’il existe déjà « un arsenal juridique [...] pour comprendre, suivre, sanctionner ».
Une dangerosité sous-évaluée ?
Quant aux députés socialistes, ils ont déploré l’« éternelle rengaine » de la droite et de l’extrême droite.
La dangerosité de Radouane Lakdim a-t-elle été sous-évaluée ? Tué vendredi lors de l’assaut du GIGN, ce petit délinquant radicalisé de Carcassonne était fiché « S » depuis 2014 et inscrit depuis novembre 2015 au Fichier des signalements pour la prévention et la radicalisation à caractère terroriste (FSPRT). Comme lui, sa compagne était fichée « S » en raison de sa « fréquentation des milieux islamistes radicaux », selon une source proche de l’enquête.