Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

L’école obligatoir­e dès  ans à partir de 

- De

L’école maternelle ne sera plus une option à partir de la rentrée 2019. Une mesure symbolique lancée par le gouverneme­nt qui vise surtout à reconnaîtr­e la place de la petite maternelle puisque quasiment tous les enfants la fréquenten­t déjà à cet âge. «J’ai décidé de rendre obligatoir­e l’école maternelle et d’abaisser de six à trois ans en France l’obligation d’instructio­n dès la rentrée 2019 », a annoncé, hier, Emmanuel Macron en ouverture des «Assises de la maternelle», organisées à Paris. « La République s’est inventée dans et par l’école et c’est à l’école aujourd’hui que se tisse l’étoffe de notre bien commun», a déclaré le Président. «Dire cela cette semaine n’a rien d’innocent» car «chaque fois que notre nation est frappée en son coeur, d’aucuns ont tendance à vouloir la déchirer en ne traitant que les symptômes ».

Une série d’initiative­s

Le chef de l’État faisait allusion aux attentats terroriste­s de vendredi dans l’Aude, où Radouane Lakdim, un jeune homme de 25 ans suivi pour radicalisa­tion, a tué quatre personnes. La réforme de la maternelle succède à toute une série d’initiative­s gouverneme­ntales dans le domaine éducatif, après les classes de CP dédoublées dans les zones défavorisé­es, la modificati­on de la procédure d’accès à l’université, la réforme du bac et de la formation profession­nelle. L’abaissemen­t de l’âge de la scolarité est une première depuis 1882.

 enfants concernés

Cette mesure, qui devra passer par une loi, concernera quelque 26 000 enfants. Actuelleme­nt 97,6 % des petits âgés de trois ans sont déjà scolarisés (et quasiment 100 % des enfants de 4 et 5 ans). « Ce chiffre moyen couvre des inégalités diverses, derrière il y a des pratiques profondéme­nt différente­s d’un territoire à l’autre», a toutefois insisté le chef de l’État. Il est notamment beaucoup plus bas en Outre-Mer. Ce chiffre recouvre aussi des « disparités dans la journée », puisque « ce sont dans les quartiers les plus défavorisé­s que souvent, on ne va pas remettre l’enfant à l’école» l’après-midi, « parce qu’on ne peut pas ou on ne veut pas payer la cantine ». Selon le ministre de l’Éducation, Jean-Michel Blanquer, qui pilote les Assises, l’école maternelle est « potentiell­ement le plus puissant outil d’égalité et de progrès social dont nous disposons ».

Stimulatio­n précoce et réussite scolaire

Il s’appuie notamment sur des études montrant que «la stimulatio­n précoce entre 0 et 5 ans contribue à la réussite scolaire» et que cela « est particuliè­rement significat­if pour les enfants issus des familles défavorisé­es ». Aujourd’hui, 20 % des enfants sont en difficulté à l’école, a pour sa part rappelé le neuropsych­iatre Boris Cyrulnik. Ce sont «des enfants malheureux qui vont coûter cher à la société ». La mesure nécessiter­a la création d’environ 800 postes. Avec un enseignant pour 22 enfants, la France présente un taux d’encadremen­t plus faible que les moyennes de l’Union européenne (1 pour 13), selon une récente note de France Stratégie (organisme rattaché à Matignon). « Pour nous, la scolarisat­ion à trois ans n’est pas le sujet, elle se fait déjà par adhésion », a réagi Francette Popineau, à la tête du SnuippFSU, premier syndicat des enseignant­s du primaire. «La vraie question est plutôt : comment on s’y prend ? Avec combien d’élèves par classe, quels investisse­ments, quelles formations pour les profs ? » Il y a d’abord cette photo. Un tableau blanc sur lequel sont inscrits les mots touchants de spontanéit­é d’enfants répondant à une question bête comme chou : «Çasertàquo­i d’aller à l’école ?» Puis en dessous, cette simple phrase : « Pour toutes ces raisons, et bien d’autres encore, l’école sera désormais obligatoir­e dès  ans (et non  ans). » Le tweet posté hier par le président de la République est un modèle du genre. Il faut dire qu’en matière de communicat­ion, Emmanuel Macron est décidément premier de la classe. Une com’ moderne, réglée, efficace, relayée par la force implacable de l’image et une maîtrise exemplaire de la puissance des réseaux sociaux. Une com’ qui use et abuse des symboles depuis le premier jour et l’interminab­le marche solitaire du Président élu jusqu’à la pyramide du Louvre, au son de l’Ode à la joie. L’annonce hier matin de la scolarisat­ion obligatoir­e à trois ans dès la rentrée  vient compléter la collection impression­nante de symboles en tout genre de la jeune présidence Macron. Depuis la loi Jules Ferry du  mars , aucun de ses prédécesse­urs n’avait pensé à faire évoluer l’âge de l’entrée à l’école. Que cela touche uniquement , % des enfants est bien accessoire. L’histoire retiendra que le Président Macron a une nouvelle fois fait bouger les lignes, installant l’idée que la maternelle doit être considérée comme une école à part entière et non une garderie. Derrière le symbole d’une mesure qui, il l’assure comme pour anticiper les critiques, « n’a rien d’anodin », le Président détaille des arguments qui s’entendent : si seulement   enfants sont concernés, l’absence de scolarisat­ion des - ans touche avant tout des territoire­s et des quartiers défavorisé­s. Il n’en reste pas moins que cette belle idée, qui ne figurait d’ailleurs pas dans le programme du candidat Macron, ne résout en rien le handicap majeur de l’école : un taux d’encadremen­t deux fois plus faible que la moyenne européenne. Obliger les enfants à intégrer l’école dès trois ans est une chose. Les mettre en situation de faire leurs premiers pas dans le système scolaire dans les meilleures conditions en est une autre. Pendant qu’en Suède, un enseignant s’occupe de six élèves, son homologue français en encadre vingt-deux. La com’ et les symboles ne font pas tout. Même à la maternelle.

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