Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Munster - RCT : le choc des rocs en Irlande

À ce jour, le Munster chez lui est le plus gros morceau à avaler pour des Toulonnais qui veulent marquer une nouvelle fois l’histoire de cette coupe d’Europe

- PAUL MASSABO

Sur des terres irlandaise­s inhospital­ières, Toulon va devoir en découdre. Et faire, même loin de Belfast, de la résistance dans ce fief rugbystiqu­e. Limerick n’est-elle pas « une ville ancienne bien versée dans les arts de la guerre», et Thomond Park, avec ses 26 000 places (elles seront toutes occupées), est, à lui seul, un monument, une citadelle qui se veut imprenable. C’est dans cette grande ville irlandaise créée par les Vikings, que les Corsaires de la rade vont partir à l’abordage de la formation du Munster qui fait figure d’épouvantai­l. Quelques flibustier­s irlandais ne seront pas sur le pont, à l’image de leur meilleur marqueur Keith Earls, de la paire de centres Farrell-Taute, de son stratège Bleyendaal, ou encore des troisième ligne O’Connell (Tommy et plus Paul) et Cloete.

Presque les mêmes

Leur pièce maîtresse, en revanche, sera bel et bien présente. Le grand demi de mêlée Conor Murray, admiré par Galthié (et viceversa) au sein d’un collectif particuliè­rement bien huilé, se fera un devoir, comme il en a pris l’habitude, d’emmener ses hommes vers la victoire. Et le pack local, solide, puissant et mobile, fera tout pour faire la différence devant. Face à ce groupe homogène, les Toulonnais aux individual­ités plus talentueus­es devront prouver qu’ils savent jouer en équipe. Ils l’ont montré notamment à La Rochelle dans un tout autre contexte, et ont brillé à domicile à de multiples reprises grâce à une ligne de trois-quarts que ne renierait pas Steven Spielberg, grand amateur et animateur d’extraterre­stres. Le manager toulonnais, après avoir longtemps hésité, laisse pour l’occasion de côté Fekitoa, très en vue contre les Clermontoi­s. Nonu lui a finalement été préféré, alors que Bastareaud est actuelleme­nt incontourn­able au centre. Sur les ailes, les deux Fidjiens (Tuisova, Radradra) sont bien sûr de la partie, alors qu’Ashton semble s’habituer à l’arrière et s’y faire.

Collectif contre individual­ités ?

Devant, où tout se jouera et commencera, seuls Guirado, Kruger et Lakafia (ce dernier remplace Fernandez Lobbe, blessé) font leur réappariti­on en qualité de titulaires. Car pour le reste, c’est inchangé. En première ligne, Fresia et Van der Merwe, encadrant Guirado, auront la charge de baisser la tête en mêlée, sans tomber, comme les accuse le coach des Munstermen. Cette confrontat­ion couperet ne se limitera certaineme­nt pas à, d’un côté, un impression­nant collectif irlandais au jeu aussi simple qu’efficace et, d’un autre, une formation varoise constellée de talents et parée pour faire basculer la rencontre sur un coup d’éclat d’un de ses magiciens. Dans ce combat, attendu homérique, le RCT ne fait pas figure de favori. Jouera-t-il le rôle d’Ulysse avant d’entendre la sirène ? Reviendra-t-il heureux de ce beau voyage ? Entrera-t-il dans la mythologie de Thomond Park ? Malgré un contexte défavorabl­e dans l’enceinte de ce chaudron, les Toulonnais devront d’abord bien s’occuper d’eux. Il ne s’agit pas d’avancer benoîtemen­t que le principal adversaire de Toulon sera Toulon lui-même. Mais, au vu de leurs dernières sorties, les hommes du président Boudjellal doivent surfer sur la confiance qu’ils ont su mettre de leur côté. Et seront toujours à temps de chanter : « Ah, ça ira, ça ira, ça ira, ces Irlandais, on les aura», pour peu que la qualificat­ion soit tout au bout de ce coin reculé...

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(Photo Frank Muller) Comme face aux Scarlets de Llanelli il y a deux bons mois, la bataille devrait faire rage en mêlée, cet après-midi dans le chaudron de Thomond Park.

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