Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Vers un sauvetage des chantiers d’insertion ?
Alors que le conseil régional voulait se désengager des chantiers d’insertion, des pourparlers sont en cours pour voir comment continuer d’assurer leur financement
Monsieur Yannick Chenevard (vice-président du conseil régional délégué à l’emploi, la formation professionnelle et l’apprentissage, Ndlr) a fait part de sa volonté de consolider le soutien régional à l’activité des ateliers chantiers d’insertion. Dans cette perspective, nous savons que plusieurs réunions de travail entre la Région Paca et les réseaux de chantiers vont avoir lieu, la première s’étant tenue le mardi 27 mars. » Vendredi dernier, salle Saint-Paul, dans le quartier toulonnais de Siblas. Thierry Koffmann, directeur de Tremplin, une structure gérant des chantiers d’insertion de La Seyne à Bormes-les-Mimosas, souffle un peu. Une vingtaine de représentants varois de ces fameux chantiers sont réunis pour une conférence de presse – « il y en a une dans chaque département », assure Thierry Koffmann. Et le patron de Tremplin de prévenir : «Nous remercions M. Chenevard, mais notre inquiétude et notre vigilance se maintiennent… »
Contrats d’objectifs
C’est que les négociations en cours ressemblent fortement à une volte-face. Le 15 décembre dernier, présentant les axes du budget 2018 de la Région Paca – de plus de 2,4 milliards d’euros – son président, Renaud Muselier, affirmait en effet que sa collectivité allait se désengager des chantiers d’insertion d’ici deux ans. Et appelait les conseils départementaux à financer ces derniers. Une coupe financière réalisée au nom de la loi NOTRe (nouvelle organisation territoriale de la République), le président de la Région intégrant les chantiers d’insertion – au grand dam de leurs responsables – dans la politique sociale, et estimant que cette dernière n’était pas de son ressort. Or, en 2016, la Région leur donnait une enveloppe de quelque 7 millions d’euros… Pour 2018, les structures responsables des chantiers assurent que « le budget régional de 5,8 millions d’euros a été pratiquement divisé par deux. » Du côté de la Région, Yannick Chenevard, s’il ne retient pas ce budget de 5,8 millions, confirme la tenue de négociations avec les professionnels du secteur. Sur la décision de décembre, il jure qu’ « avec les 400 millions que l’État ne donnera plus à la Région et la loi NOTRe, nous étions obligés de mettre le dispositif à plat ». Et de poursuivre sur les pourparlers actuels : «La Région intervient dans le domaine de l’emploi. Nous allons donc soutenir les chantiers d’insertion avec qui nous aurons signé un contrat d’objectif de 60 % de retour à l’emploi pour les personnes qui y effectuent un parcours ». Entre 40 et 60 %, le soutien pourrait se faire via le plan national d’investissement dans les compétences, et à moins de 40 % par les Départements. Des réunions doivent se tenir jusqu’en juin avec les têtes de réseaux pour en définir les contours, mais le nouveau dispositif devrait être effectif dès 2018 et reconduit en 2019.
personnes concernées dans le Var
Si aucune somme n’est avancée pour chiffrer ce « soutien », François Maturin, représentant varois de la Fédération des acteurs de la solidarité Paca et participant aux négociations, ne cache pas un certain pessimisme. « C’est sûr que ce sera en baisse par rapport à 2 017. Cette année-là, j’avais reçu 60 000 euros pour les deux chantiers d’insertion que je gère. Là, ça va être autour de 35 000… » Si l’on en croit le réseau Chantier école Paca, 4 200 demandeurs d’emploi de longue durée sont employés chaque année par les 105 ateliers chantiers d’insertion de Paca. Dans le Var, ce sont 17 chantiers et plus de 600 personnes qui sont concernés. Au niveau régional, 47,5 % des bénéficiaires de ce dispositif trouvent un emploi ou une formation à l’issue de leur parcours.