Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
L’Hermione star de la rade
Fruit de l’union de Ménélas et Hèlène, fille de l’océan, L’Hermione s’est amarrée hier quai de la Corse. En bateau ou depuis le rivage, les spectateurs étaient nombreux pour la voir parader dans la rade
Des milliers de spectateurs se sont massés en bord de rade pour accueillir la réplique exacte du bateau de légende. Plus de 8000 personnes pourront monter à bord ce week-end. L’Hermione quittera les côtes du Var lundi pour gagner les Alpes-Maritimes.
Elle apparaît au détour du cap Cépet. Lointaine. Mais bien reconnaissable. Il est 8 heures, hier matin, lorsque l’on parvient à distinguer les silhouettes de l’équipage de L’Hermione. À bord, l’effervescence et une certaine retenue : les manoeuvres qui s’annoncent pour entrer en rade de Toulon, puis s’amarrer au quai de la Corse pourraient être compliquées par un mistral qui doit se renforcer en cours de matinée. Déjà, les gabiers, ces matelots préposés à l’entretien et à la manoeuvre des voiles, sont en haut des mâts pour « carguer » les huniers. « Ne vous vexez pas si on vous dit un peu sèchement de bouger », indique Marion, second capitaine de la frégate. Répondre aux ordres du commandant Yann Cariou demande en effet concentration et rapidité. Rapidité aussi à se boucher les oreilles lorsqu’Antoine, le lieutenant canonnier, lance les coups de canon – artificiels – pour saluer les plaisanciers de plus en plus nombreux autour de L’Hermione et annoncer l’arrivée de la réplique du navire du marquis de La Fayette. « Feu ! », crie-t-il, en abaissant son sabre. Puis: «Si j’étais moins con, j’aurais pas fait canonnier », cette petite phrase qu’il répète entre chaque « Feu ! », pour donner la cadence. Bien sûr, il faut régulièrement faire signe aux navires qui entourent la frégate de s’éloigner: l’enthousiasme fait parfois oublier aux navigateurs qu’ils ne doivent pas l’approcher à moins de cinquante mètres. Un bateau vient pourtant plus près. Jusqu’à « s’accrocher ». Il débarque Olivier, pilote du port de Toulon, qui doit amener L’Hermione à quai. Là, tandis que des yoles d’époque glissent tout contre les ferries pour la Corse, la Musique des équipages de la flotte, à terre, entame une partition d’Hans Zimmer : la bande originale de Pirates des Caraïbes. Histoire de donner toute sa mesure à l’épopée de L’Hermione.