Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Feux de forêt: les pompiers du Var privés de médaille
Après la fonction publique dans sa très grande diversité et les cheminots, c’est au tour des précaires de l’Éducation nationale d’exprimer leur colère. Soutenues par la CGT Éduc’Action, bien que très peu syndiquées, elles étaient une trentaine hier matin à manifester devant l’inspection académique à Toulon. Sur leurs pancartes, on pouvait lire : « AVS en détresse, Contre la précarité ou encore Vie scolaire en grève ». En grève ! Le mot est lâché. Pour des personnes qui gagnent tout juste 700 euros par mois, en arriver à faire grève donne une idée du malaise qu’elles ressentent. Qu’elles soient assistantes de vie scolaire (AVS), accompagnantes des élèves en situation de handicap (AESH), employées de vie scolaire (EVS) ou assistantes d’éducation (AED), toutes dénoncent la précarité de leur poste. « Depuis cinq ans, je suis assistante d’éducation à l’école élémentaire Excelsior, à Hyères. J’ai encore droit à un an de contrat si je suis renouvelée et après plus rien. Je risque de devoir aller pointer au chômage », témoigne Florence.
Nécessité de créer un statut
Sans perspective d’évolution de carrière – pendant les six ans maximum de contrat, elles sont payées au Smic horaire –, sans visibilité sur leur avenir, elles réclament une reconnaissance de leur travail. « Cela passe forcément par la création d’un statut et une titularisation », assène Corinne Perrier, porte-parole de la CGT Éduc’Action Var qui soutient un mouvement d’humeur spontané. Cette dernière va plus loin et n’hésite pas à parler de gâchis de compétence. Et d’expliquer : « Au contact des enfants, ces personnes acquièrent, développent des compétences. Elles s’autoforment en quelque sorte. Et au bout du bout, mise à part une poignée d’entre elles à qui on propose un CDI, on les renvoie au chômage ». Les soldats du feu varois sont les grands oubliés d’un arrêté ministériel qui distingue près de 400 pompiers engagés contre les incendies l’été dernier dans le sud de la France. Cette anomalie devrait être prochainement corrigée. Le ministère de l’Intérieur a annoncé cette semaine l’attribution d’une médaille de la sécurité intérieure à 385 pompiers mobilisés lors des incendies qui ont ravagé les forêts méditerranéennes l’été dernier. Et de saluer « leur courage et leur engagement » Problème : aucun pompier du Var ne figure dans cette « promotion exceptionnelle “Feux de forêt 2017” », alors que le département a été l’un des plus durement touchés. Aucun autre département ne semble pourtant avoir été oublié dans l’arrêté du ministre « portant attribution de la médaille de la sécurité intérieure » : Alpes-Maritimes, Bouches-duRhône, Vaucluse, Alpes-deHaute-Provence-Corse (2A et 2B), Aveyron, Gard, Hérault… Même des renforts envoyés depuis la Nièvre ont été distingués. Le président de l’Union départementale des sapeurs-pompiers (UDSP) du Var est monté au créneau : «C’est une injustice, s’insurge Jean-Luc Decitre, On ne court pas après les médailles – après tout on a fait notre job – mais on a droit à la reconnaissance comme les autres .»
La « boulette » bientôt réparée
Alerté par l’UDSP, le député varois Fabien Matras, a annoncé hier « qu’un décret complémentaire devrait être pris pour rétablir cette situation que personne ne pouvait comprendre ». Contactée par Var-Matin ,la préfecture confirme qu’une « liste de sapeurs-pompiers du Var particulièrement signalés lors des incendies de l’été 2017 » a été transmise «courant janvier » par le service départemental d’incendie et de secours (Sdis). Ces soldats du feu devaient être intégrés à la promotion du 14-Juillet de la médaille de la sécurité intérieure, jure la préfecture. Mais, « dans la mesure où l’agrafe “Feux de forêt 2017” a fait l’objet d’une promotion exceptionnelle qui vient de paraître, les sapeurs-pompiers du Var seront intégrés à un arrêté de même nature sans attendre ».