Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Fragments d’un amoureux des discours

Yacouba-Sylla Koïta est né en Côte d’Ivoire. Un Master de droit plus tard, voilà l’étudiant de la fac de Draguignan lauréat d’un 3e prix du concours national d’éloquence. Un parcours hors-norme

- Textes : Romain ALCARAZ Photos : Dylan MEIFFRET

C’est vrai qu’il parle bien, Yacouba-Sylla Koïta. Le contraire serait surprenant, mais à l’écouter dérouler son parcours, sa vie, la petite histoire qui a fait de lui ce qu’il est aujourd’hui, c’est indéniable: l’étudiant ivoirien possède le talent de captiver son auditoire. Un talent qu’il a mis en pratique lors du concours national d’éloquence, qu’il a remporté, le 23 mars dernier. Résultat: le troisième prix au terme d’une compétitio­n rocamboles­que (lire cidessous). Mais entre sa naissance en Côte d’Ivoire il y a 25 ans, et ce couronneme­nt, il y a un chemin que Yacouba-Sylla a décidé de dévaler, avec la déterminat­ion d’un sprinteur plutôt qu’avec la patience d’un marathonie­n. Un homme pressé, oui, mais pressé d’apprendre, pressé de grandir, pressé de transmettr­e. Car s’il est aujourd’hui en train de boucler son deuxième Master, en droit privé après celui obtenu à Abidjan en droit public, l’étudiant se destine à devenir professeur agrégé. Un objectif qu’il aurait déjà pu atteindre. Après un Bac obtenu à 16 ans, en classe de première, Yacouba poursuit ses études à l’université d’Abidjan. «J’ai perdu quelques années d’études en Côte d’Ivoire. L’université a fermé pendant deux ans en 2010, après la guerre. Je pourrais déjà enseigner!» Pressé, on vous disait…

«Il faut se démarquer»

Dès que les portes de la faculté s’ouvrent à nouveau, il est là, poursuivan­t son cursus de droit. «Mon père est greffier pour l’équivalent de la Cour de cassation en Côte d’Ivoire. Il m’a donné l’envie de devenir magistrat. » Une envie d’excellence, surtout, qui jalonne son parcours impression­nant, au cours duquel il rencontrer­a d’anciens étudiants lauréats d’un concours de procès simulés. «Ces personnes voyaient les études d’un autre oeil, elles nous ont expliqué qu’il fallait vivre sa vie d’étudiant en cherchant toujours à apporter une plus-value à son profil. Ce discours m’a considérab­lement influencé.» Alors les TD, les cours en amphi, très bien, mais ce n’est suffisant que pour «les étudiants ordinaires». Et Yacouba n’est décidément pas de cette trempe-là. «J’avais envie de me prouver ce que j’étais capable de faire. Je n’étais pas rassasié, je ne le suis toujours pas!» À lui les concours. Et à lui les succès. En Afrique d’abord, en Europe désormais. «En France, c’est un contexte nouveau, je voulais me mesurer à celuici. Alors malgré le retard pris dans mes études à Draguignan [il est arrivé à l’issue de son Master 2 à Abidjan, deux mois après la rentrée varoise, Ndlr], je me suis inscrit au concours. Je me demande parfois pourquoi!» Une piste se trouve sûrement dans ses ultimes conclusion­s: «Se concentrer sur ses études, c’est normal. Mais il n’y a pas que ça. Il faut se démarquer, aller au-delà de ses capacités. C’est valable pour tous les étudiants d’ici, de Toulon, de France, de Côte d’Ivoire, du monde!» Une bonne parole qu’il prêchera bientôt chez lui, à Abidjan, où il veut enseigner une fois son parcours terminé. Faisons-lui confiance, ça va aller vite !

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« Je n’ai jamais mis les pieds dans cet amphi ! », se marre Yacouba-Sylla Koïta. C’est pourtant en amphi, à Toulon et à Lyon, que ses talents d’orateur ont brillé.

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