Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
«Soudain, des étudiants grévistes sont entrés...»
Nous sommes le vendredi 23 mars. Yacouba-Sylla se prépare à passer en demi-finale du concours national d’éloquence à Lyon. Ce n’était pourtant pas gagné : lauréat du concours varois à Toulon, il a dû batailler pour faire accepter sa candidature à l’étape supérieure en raison d’une erreur administrative qui a conduit l’Université de Toulon à ne pas inscrire « son » vainqueur pour l’échelon supérieur. Mais Yacouba ne se laisse pas dire « non »facilement, et insiste. Sa participation validée, le voilà donc en scène parmi les 18 demi-finalistes. « À Lyon, j’étais encore plus intimidé qu’à Toulon, où la présence du ténor du
barreau Henri Leclerc m’avait déjà marqué. » Il faut dire que dans le Rhône, l’amphithéâtre est maousse. « C’était
carrément une agora », se souvient l’étudiant dracénois. Malgré le stress, Yacouba s’élance, en avant-dernière position. « Le niveau était très impressionnant », raconte-t-il. C’est dire la performance du jeune homme, qui se qualifie avec brio pour la finale, qui doit opposer quelques minutes plus tard les 7 meilleurs orateurs. Mais tout ne va pas se passer comme prévu... « Des étudiants en colère sont entrés dans l’amphi. Nous étions le jour même des agressions subies par les étudiants en grève à Montpellier. A Lyon, ils ont
occupé notre amphi, réclamant la démission du doyen. La suite du concours
a été annulée. » Yacouba rentre à son hôtel, dépité de ne pas avoir pu défendre sa place dans le concours. Mais l’histoire n’est pas terminée... Une fois «glissé sous [s]es draps», le jeune homme reçoit un appel. La fin du concours aura bien lieu, dans un restaurant lyonnais. Ni une, ni deux, le voilà rhabillé, en quête de la brasserie. Arrivé juste à temps pour discourir, c’est essoufflé qu’il déclamera son texte... avec le succès que l’on sait. « J’aurais aimé concourir en meilleures conditions, soupire-t-il. Mais je reste très heureux de l’aventure. »