Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Montrer le cap!
Emmanuel Macron n’a pas choisi par hasard celui qui sera, jeudi, son interlocuteur sur TF : pour s’exprimer, il a choisi Jean-Pierre Pernaut, l’animateur du Journal Télévisé de h, qui s’adresse tous les jours, à cette heure-là, à la France dite profonde, celle des provinces, des villes petites ou moyennes et des zones rurales. C’est à ces Français, tous touchés par les grèves, qui craignent non seulement la disparition des trains régionaux et locaux mais aussi et surtout les désordres, que le Président de la République, volontiers accusé par la droite de ne s’adresser qu’aux « bobos » de la capitale, veut parler. C’est qu’en effet nous sommes sous la Ve République : le Premier ministre est en première ligne dans les négociations avec les syndicats, il affirme sa détermination de mener jusqu’à son terme la transformation de la SNCF, mais il est un moment où c’est au Président de la République de montrer le cap. Jeudi, Emmanuel Macron devra expliquer, au bout d’un an tout juste de mandat, pourquoi il a mis en route, simultanément, tout une série de réformes, quelle est leur cohérence, pourquoi, selon lui, elles sont nécessaires, bref vers quelle France il veut aller. Depuis son élection, en mai dernier, le chef de l’Etat a la parole rare. Elle ne doit pourtant pas l’être trop. Sur beaucoup de sujets et pas seulement les grèves, les Français ont besoin aujourd’hui de boussole. Une majorité d’entre eux comprend bien que, dans le monde tel qu’il va, la concurrence, inéluctable, entraîne des changements profonds. Encore faut-il leur démontrer, et seul Macron peut le faire, qu’au bout du chemin, difficile souvent, la croissance, la baisse du chômage, une meilleure adaptation du pays aux contraintes internationales et surtout l’augmentation du pouvoir d’achat, seront au rendez-vous. Bien sûr, chacun comprend bien qu’il faut un minimum de temps pour y parvenir. N’empêche : le moment est venu pour lui de les rassurer sur le chemin qu’il a choisi pour changer les choses sans trop de casse. Sur le « modèle social » français, et sur tant d’autres sujets comme la lutte contre le terrorisme, Monsieur le Président, on vous attend.
« Depuis son élection, en mai dernier, le chef de l’Etat a la parole rare. Elle ne doit pourtant pas l’être trop. »