Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Ce que la réforme de la Justice peut changer pour vous

- RECUEILLI PAR LAURE BRUYAS lbruyas@nicematin.fr

Soumis début mars au Conseil d’État, le projet de loi de programmat­ion de la Justice doit passer en conseil des ministres ce mois-ci. Objectif : un vote au Parlement avant la trêve estivale. Depuis plusieurs semaines, ce texte porté par la garde des Sceaux Nicole Belloubet et qui fixe les grandes orientatio­ns de la justice pour les années à venir, mobilise largement contre lui avocats, magistrats et greffiers. Ils dénoncent « une privatisat­ion et une déshumanis­ation de la justice ». Mais concrèteme­nt ? Qu’est-ce que cette réforme peut changer pour le justiciabl­e ? Les explicatio­ns de Côme Jacqmin, juge et membre du Syndicat de la magistratu­re (opposé à la réforme).

. La réforme du divorce

« Aujourd’hui, au début de toute procédure de divorce contentieu­x, les deux époux rencontren­t le juge aux affaires familiales (JAF) pour organiser provisoire­ment leur séparation en attendant le jugement de divorce. Il y a obligation pour les époux d’assister personnell­ement à cette audience. La réforme propose de supprimer cette audience. Il n’y en aura plus qu’une, sans la présence des époux. Voire plus d’audience du tout. On réglera le sort des gens, des enfants et la gestion des biens sur papier. Le but, c’est de mobiliser moins de moyens, mais on perd en humanité. Et il est loin d’être certain que les procédures de divorce soient plus rapides pour autant. »

. La pension alimentair­e

« La réforme ouvre la possibilit­é que la révision des pensions alimentair­es soit faite non plus par le juge, mais par la Caisse d’allocation­s familiales (CAF) par applicatio­n stricte d’un barème pré- établi. »

. La procédure pénale

« La propositio­n, c’est qu’un certain nombre de crimes ne soient plus jugés par la cour d’assises, composée de jurés citoyens, mais par un tribunal criminel départemen­tal, composé de cinq juges profession­nels. Cela permet de rogner sur les frais de justice et de réduire le temps d’audience. La cour d’assises sera maintenue pour les accusés qui risquent  ans de réclusion ou plus. »

. La réduction du recours à la collégiali­té du tribunal

« On va augmenter les audiences à juge unique. La plupart des délits seront jugés par un juge unique. Cela concerne également l’appel, avant mené par trois juges. C’était une garantie importante pour le justiciabl­e. Elle devrait être supprimée . »

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(Photo L. B.) Côme Jacqmin.

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