Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Les mille et une vies de Michel Partage

Ancien exploitant agricole, puis journalist­e, le Varageois a porté un temps l’écharpe de maire et de conseiller général. Jeune retraité, il vient de créer une entreprise avec ses enfants

- VÉRONIQUE GEORGES vgeorges@nicematin.fr (1) www.aperitif-partage.com

Il porte son nom à merveille, tant le sens du bien commun fait partie de sa personnali­té. Michel Partage l’a démontré, au fil d’un parcours sans cesse en mouvement. Il faudrait un livre, et non une demi-page dans Var-matin, pour le retracer… Le Varageois vient de créer une entreprise artisanale d’apéritifs et spiritueux avec ses trois enfants. Cette reconversi­on est comme un retour aux sources pour lui : Touché par une maladie grave dans l’enfance, le petit Marseillai­s qu’il était, avait été envoyé, sur prescripti­on du médecin, « à la montagne ». Ses grandspare­nts l’ont accueilli chez eux, à Varages. « Je n’en suis plus jamais parti, ditil avec fierté. C’était des gens extraordin­aires, avec des valeurs fortes, une puissance, une volonté. Cette famille m’a inculqué la vie, la passion, le fait de ne pas avoir peur, de ne pas avoir d’a priori, d’idées préconçues. Cela m’a beaucoup aidé plus tard dans le journalism­e ». Avant d’embrasser cette profession, il débute dans l’agricultur­e aux côtés de son père. Puis, en 1975, Michel Partage rencontre René Sape, jeune paysan et éleveur, qui lui propose de s’associer. « Pendant 7 ans, j’ai fait une deuxième partie de mon éducation avec les bergers. Ils m’ont appris le recul et l’observatio­n ». Mais un très grave accident dans la bergerie, le contraint à changer de cap. « Je ne savais pas quoi faire. Je ne pouvais ni me baisser, ni rien soulever, j’ai cherché dans les pages de l’annuaire un métier à apprendre ! » Ce sera photograph­e de studio. Sa formation débouche très vite sur un remplaceme­nt puis un emploi de photograph­e à Var-matin en 1983, qu’il quitte pour devenir cameraman à France 3 en 1990. À chaque fois, une rencontre le met sur une nouvelle voie, comme une bonne étoile (du berger ?) le guidant vers un autre horizon. Pour Michel Partage, «le hasard n’existe pas. Les portes s’ouvrent pour beaucoup de monde, mais on

n’a pas tous la même manière de prendre la poignée ». Parallèlem­ent à son métier, il se présente en 2001 aux élections municipale­s à Varages « pour éviter le renouvelle­ment de la délégation du service public de l’eau » et prend un congé sans solde afin de s’y consacrer pleinement. « C’était la première fois qu’une petite commune rurale reprenait l’eau en gestion publique ». Lors d’un colloque sur ce sujet, qui le passionne, il fait la connaissan­ce de Danielle Mitterrand, présidente de la fondation France libertés. « Ensemble, en 2005, on a lancé l’appel de Varages pour une municipali­sation de l’eau ». Il l’accompagne à Mexico où il intervient devant des élus du monde entier. Très sollicité, il rencontre divers

chefs d’État. « Je n’en reviens toujours pas aujourd’hui ». L’épouse de l’ancien président de la République restera une amie jusqu’à son décès. Il fait aussi un mandat de conseiller général « mais la politique de réorientat­ion des cantons ne m’intéressai­t

pas ». Sa récente activité est née presque par hasard : «On a toujours fait nos apéritifs nous-mêmes en famille, dit-il. On voulait continuer cette tradition, mais on n’avait plus que 100 litres d’eau-de-vie de nos ancêtres… » En 2011, les réserves des aïeux ayant totalement disparu, il a adapté avec ses enfants les mêmes recettes en remplaçant l’eau-devie par le rhum, découvert lors d’un voyage aux Antilles. « Moi, je buvais du garlaban, de la verveine, de la pêche. Là, on a trouvé quelque chose de plus frais, plus jeune, accessible à ceux qui n’ont pas l’habitude. Le rhum s’accorde bien avec le raisin » dit-il. Le voilà donc, retraité du journalism­e en septembre 2016, travailler depuis avec Thomas, 32 ans, flairbarma­n (jongleur avec des bouteilles), Charlotte, 30 ans, designer dans la productiqu­e et le prêt-àporter, qui a conçu les étiquettes, les logos, et Olivier, 28 ans, aux précieuses compétence­s de frigoriste. Ils fabriquent leurs produits (1) avec du rhum importé des Antilles et du jus de raisin, acheté, en tout début de fermentati­on, au Domaine de Jacourette de Pourrières. « Ils font un très bon vin alors que beaucoup d’apéritifs masquent des vins médiocres. Nous, nous voulons être fiers de faire quelque chose ensemble, et de notre marque, Partage », conclut-il avec son regard malicieux. Ravi de cette nouvelle aventure.

Le hasard n’existe pas” Avec Danielle Mitterrand, on a lancé l’appel de Varages ”

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(Photo Dylan Meiffret)

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