Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Un retraité toulonnais : « Que Macron prenne des sous à ceux qui en ont »

- PIERRE-MICKAËL AYI pmayi@varmatin.com

Daniel Bertone, retraité toulonnais, est un assidu du journal de 13 heures de Jean-Pierre Pernaut, qui s’éclaire à la suite de son jeu télévisé préféré (Attention à la marche). Hier, il a regardé l’interventi­on d’Emmanuel Macron de sa petite salle à manger, au boulevard Jules-Michelet, « parce que c’est normal, il incarne l’image de la France quand même… » Face à son écran plat, Daniel parle au chef de l’État, l’incite à « tenir bon ».« Il est là pour faire des réformes, indique le bénévole. Je ne m’y connais pas assez pour critiquer, mais je sais que les réformes, ça fait toujours grincer des dents. »

« Je suis obligé d’aider mes enfants »

Pendant plus de quarante ans, Daniel était opérateur de la médecine du travail, service photo-radio. Avant de louer un T3 à 700 mensuels, où il entend parfois la télé du voisin, il résidait dans sa villa du haut Var, d’où il rejoignait « toutes les entreprise­s du départemen­t ». « À ma retraite, je suis revenu [à Toulon] pour poursuivre mes multiples activités dans les associatio­ns [...] Aujourd’hui, j’ai arrêté de courir à droite, à gauche, de rendre service à tout le monde, car c’est à mes frais. »

Emmanuel Macron se trompe de cible

Il interrompt son propos. À l’écran, le président de la République évoque « l’effort » demandé aux retraités. Daniel sursaute. « Là, c’est un peu délicat, explique-t-il. Ils nous prennent de l’argent. Moi, ils me retirent soixante euros de plus sur l’année, on, paie la CSG sur tout… Je sais bien qu’il [Emmanuel Macron] a besoin de sous, mais qu’il en prenne aux multinatio­nales, à ceux qui en ont beaucoup. » Daniel connaît des problèmes financiers, qui l’obligent à déménager à la fin de l’année. « Je risque de ne plus pouvoir payer [le loyer], concède-t-il. Aujourd’hui, je suis obligé d’aider mes enfants, de les loger. L’un est au chômage, l’autre handicapé. J’ai pas mal de frais, entre l’eau, l’électricit­é, le chauffage, les impôts… Mon salaire pour deux personnes est divisé en quatre ou cinq. » Aujourd’hui, Daniel parlera politique avec ses amis, car il« pense que ça vaut le coup ».« Je crois qu’il [Emmanuel Macron] a voulu dire qu’il était avec nous, que ce n’est pas parce qu’il est à l’Élysée qu’il se cache, analyse-t-il. En allant dans une école, je crois qu’il va avoir un bon point. » Et de conclure, fataliste : « Dans l’ensemble, on sait qu’il faut qu’il fasse la guerre aux terroriste­s, trafics de drogue, à toutes les magouilles. Mais pas à des gens comme nous, qui n’avons rien. Nous, on ne peut pas se permettre de faire n’importe quoi. »

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(Photo Dominique Leriche) Cheminots, patrons, chômage : Daniel Bertone, retraité, a balayé hier tous les sujets durant l’interventi­on d’Emmanuel Macron, au JT de Jean-Pierre Pernaut sur TF.

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