Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Un champion de la mémoire au service des entreprises Ça buzze
Fort de son titre de champion de France de la mémoire, le Seynois Sébastien Martinez livre ses secrets aux particuliers, étudiants ainsi qu’aux entreprises. Une aubaine
Il n’a que trente ans mais en paraît dix de moins dans son sweat et ses converses. Sébastien Martinez incarne davantage un geek plutôt qu’un champion de la mémoire, ingénieur de l’École des Mines d’Alès, formateur à l’international, conférencier et expert dans ce domaine pour l’Association pour le progrès du management (APM) et de grands groupes comme EDF, Bouygues et de gros industriels. Pourtant, ce Seynois fait figure de modèle dans le genre. Ces derniers jours, il a enchaîné les plateaux de télévision (TMC, France Inter, C8, RTL...) pour présenter son dernier ouvrage La Mémoire est un jeu, ainsi que la réédition sous format Poche de son précédent opus Une Mémoire infaillible. Précédemment, il venait de rejoindre L’Accélérateur saison 5 by Toulon Var Technologies pour lancer son application Les Physionomistes, qui propose une solution simple et ludique d’entraînement pour aider les professionnels à se rappeler des noms et visages de leurs collaborateurs et clients. Enfin, mardi soir, il donnera une conférence gratuite et ouverte à tous à la Maison du numérique et de l’innovation et proposera, par ailleurs, une session de formation à Toulon, adaptée aux étudiants. L’ingénieur souhaitant par-dessus tout que les stratégies de mémorisation soient enseignées à l’école.
Ingénieur à l’École des Mines, vous étiez promis à un autre avenir. Comment vous êtes-vous intéressé aux techniques de mémorisation ? Je n’ai jamais aimé apprendre par coeur. En , lorsque j’étais en école d’ingénieur, je cherchais déjà des méthodes, des stratégies, des ouvrages sur les techniques de mémorisation. C’est là que j’ai eu un premier déclic et que je me suis pris de passion pour ces méthodes. En , avec mon diplôme d’ingénieur général, j’ai travaillé dans l’énergie solaire et, en , j’ai fait le choix de rejoindre ma compagne dans la Drôme. J’avais envie de créer mon activité. Je donnais des cours de maths et de stratégies pour mémoriser les cours auprès de mes élèves, ce qui m’a permis de valider mes théories. De fil en aiguille, j’ai animé des formations à l’École des mines et auprès d’étudiants d’écoles de médecine.
Vous avez décroché le titre de champion de la mémoire en … En , à Londres, je m’étais fait exploser face aux meilleurs mondiaux, ça m’a motivé à mieux me préparer pour . C’est un véritable sport. Il faut travailler la technique en fonction des épreuves, l’endurance et la stratégie à mettre en place. C’est un sport qui est encore jeune.
Comment ça marche ? Nous sommes tous des génies de la mémoire, il suffit de connaître les méthodes et de s’entraîner, d’avoir les bons outils. Ça marche par associations, il faut s’inventer un cinéma mental. Moi-même, j’oublie plein de trucs mais je suis capable de mémoriser si j’ai envie et ma force est de connaître les méthodes et de savoir les mettre en place, des méthodes que l’on utilise déjà de manière incomplète et insuffisante.
En , vous avez été contacté par une maison d’édition… Les éditions Premier Parallèle m’ont demandé de faire la préface d’un livre sur la mémoire, c’est là que j’ai été contacté par plein de médias. Suite au succès de ce livre, j’ai écrit Une Mémoire infaillible, sorti en Poche le avril dernier. Il existe beaucoup d’ouvrages qui listent les méthodes. J’ai plutôt voulu partir de mon expérience, en distillant des conseils. Je suis parti de l’essentiel : les principes de bases de toutes ces méthodes de mémorisation pour se souvenir des capitales des pays, des visages et des noms… exemplaires ont été vendus, ce qui est un gros succès pour un auteur inconnu. Suite à ça, j’ai écrit un deuxième livre pour montrer quelles sont les facultés derrière ces stratégies, comment faire pour s’entraîner à être plus efficace à partir de ces méthodes ? J’ai structuré l’ensemble en travaillant sur l’attention, la perception des cinq sens, notre imagination et la capacité à s’auto- observer. À la fin de chaque chapitre, il y a des exercices pour s’entraîner.
Vous vous adressez également aux entreprises… J’ai pris le parti de transmettre ces méthodes à des gens qui en ont besoin comme les étudiants. Pour les entreprises, ce sont des besoins très ciblés qui viennent de chefs d’entreprise ou de commerciaux, car les gens n’ont pas de temps à investir. Je propose des formations telles que : comment retenir les visages et les noms de ses collaborateurs et clients, comment retenir un discours sans note… Je leur donne les outils, des techniques pour créer du lien. Un salarié n’est plus un numéro. Ça permet d’humaniser d’une certaine manière les entreprises, de créer du lien. Ça crée de l’implication dans la relation lorsqu’on se souvient du nombre d’enfants de ses salariés et leurs prénoms par exemple. Et on ne va pas manager son entreprise de la même façon si l’on connaît ses salariés et leurs familles. J’interviens surtout chez des grands comptes comme Bouygues, EDF et des industriels. Ils m’appellent aussi pour les aider dans leurs formations internes.
Quels sont les bénéfices à développer sa mémoire ? Ce sont des sujets qui intéressent tout le monde. Ça peut nous servir dans notre métier mais aussi en tant que parent. Je suis rentré dans le Club des jeunes dirigeants de Toulon. J’aime bien leur philosophie qui date de , cette idée qu’il faut remettre l’économie au service de l’homme, la responsabilité sociétale, la RSE dont on parle aujourd’hui. Ils m’ont permis de me construire en tant que dirigeant et de travailler en synergie. Je suis persuadé qu’ensemble, on va plus loin. La clé de la réussite est de savoir déléguer et de s’entourer des meilleurs. Nous avons aussi pris conscience que pour aider les gens à s’entraîner en dehors des formations et des conférences, à mieux apprendre et mémoriser, il fallait proposer une offre digitale. On y travaille. Mais l’un des bénéfices de nos formations, c’est que les gens reprennent confiance en eux. Ils sortent de là reboostés. Le problème, c’est notre charge mentale. La rêverie est mal vue alors qu’on a rarement de bonnes idées au bureau. Il faut s’autoriser à faire des pauses, à rêver. Je pratique la méditation cinq minutes à une heure par jour, ça permet de travailler l’attention, ça aide à lâcher prise. Dans la performance de l’esprit, on est aussi beaucoup dans le lâcher prise, dans la déconnexion. Souvent les gens voient l’apprentissage comme quelque chose de rébarbatif alors que la mémorisation est une activité très créative, même si cela nécessite de la discipline.
Après Singapour en début d’année, vous donnerez une Session de formation de deux jours à Toulon, les et avril, particulièrement adaptée aux étudiants. Infos et inscriptions sur le site sebastien-martinez.com. D’autres formations sont proposées aux thèmes variés : retenir une langue étrangère, discourir sans note, associer noms et visages, rendre mémorisable sa stratégie ou son message, booster sa mémoire, réussir sa première année de médecine et à l’école... La Mémoire est un jeu aux éditions Premier Parallèle. conférence à Toulon demain, et ce, pour la première fois. Comment cela se fait-il ? Je suis plus connu à Paris qu’ici. Je trouvais cela dommage. J’expliquerai à la conférence comment se motiver, comprendre mieux et mémoriser. Si les gens veulent aller plus loin, ils peuvent acheter mes livres et s’inscrire au stage. C’est intensif sur deux jours mais avec beaucoup de bonne humeur. Beaucoup me disent à chaque fois : mais pourquoi on n’apprend pas ça à l’école ? Je travaille avec le rectorat de Limoges auprès de jeunes, j’espère réussir à dupliquer ce Memory Challenge dans toutes les régions de France, peut- être aussi avec The Camp, à Aix. Nous cherchons des partenaires intéressés pour dupliquer ce concept.