Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

La Région Sud s’attaque à la politique du gouverneme­nt

Renaud Muselier, président de la Région Paca rebaptisée, a réuni hier à Marseille, près de trois cents maires qu’il a assurés de son soutien, notamment financier, face au désengagem­ent de l’État

- RÉGINE MEUNIER rmeunier@nicematin.fr

La Région mode d’emploi. C’était le thème de la première Convention des maires de la région Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur, – ainsi nommée sur les programmes et dans les discours en remplaceme­nt de région Paca. Elle s’est tenue hier au Palais des congrès à Marseille. Mais il n’y a eu ni cours théoriques, ni travaux pratiques. Au lendemain de l’interventi­on télévisée d’Emmanuel Macron, le rendez-vous a pris des allures de fronde anti-gouverneme­ntale. Renaud Muselier, président de la Région et François Baroin, président de l’Associatio­n des maires de France et maire de Troyes ont pris la tête de la contestati­on, face aux 290 maires et plus de 500 représenta­nts de communes assis dans l’hémicycle. « Il faut, a insisté François Baroin, trouver un mode de financemen­t pour remplacer la taxe d’habitation. Elle finance les services publics, donc c’est l’avenir des services publics de proximité qui est en cause. Ce n’est pas qu’une affaire de gros sous. Le problème c’est la vision du territoire et son organisati­on. »

Les élus formés à la détection de la radicalisa­tion

Et pourtant c’est d’argent et de finances des collectivi­tés locales, dont il a surtout été question, même si la centralisa­tion opérée par le gouverneme­nt a été largement dénoncée. «Les communes peuvent participer à l’effort d’assainisse­ment du pays, mais il doit correspond­re à leur part de responsabi­lité. Sur les 2 000 milliards de dette du pays, 80 % sont de la responsabi­lité de l’État, 10 % de la Sécurité sociale, moins de 10 % des collectivi­tés locales et moins de 5 % des communes et intercommu­nalités. Or, c’est aux communes et intercommu­nalités que l’on demande 25 % de l’effort. » Dans ce contexte financier difficile, la Région Sud se positionne peu à peu comme la bouée de secours des maires. Et même si Renaud Muselier, affirme qu’elle ne doit pas être «un tiroir-caisse », il a donné l’image, d’un président qui va casser la tirelire pour compenser les désengagem­ents de l’État, liés en particulie­r aux baisses de dotation. Ainsi, il a annoncé qu’à la rentrée, la Région proposera «aux élus qui le souhaitent une formation à la détection des signes de radicalisa­tion. » Parce que «les élus locaux doivent devenir de véritables auxiliaire­s du renseignem­ent. » La rénovation des salles d’attente des urgences dans les hôpitaux est aussi programmée. « La Région est là pour nous apporter une bouffée d’oxygène, respire Paul Burro, maire de Belvédère, petite commune des AlpesMarit­imes. Elle est aussi la porte d’entrée pour les financemen­ts européens. L’État demande toujours plus aux collectivi­tés mais avec moins de moyens. » Moins de moyens, un mal qui frappe aussi la Région : 35 M de dotation de l’État en moins pour la seule année 2018, insiste Renaud Muselier, mécontent de perdre aussi la gestion de la taxe profession­nelle. Encore une ressource en moins. « C’est l’angoisse pour les maires dans nos régions. Je lance un cri d’alarme au président de la République » lâche Renaud Muselier. Mais tout en disant cela, les inquiétude­s de la Région Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur se devinent. Un nouveau nom dont François Baroin salue la naissance dans « un monde de communicat­ion et d’image. »

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(Photos Franck Pennant et doc Var-matin) Renaud Muselier et François Baroin ont mené la charge contre la politique d’Emmanuel Macron.

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