Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
«Bachar al-Assad dispose d’un soutien populaire»
L’ancien ministre et député LR Thierry Mariani déplore les frappes opérées en Syrie. La France, estime-t-il, doit renouer des relations avec Damas, pour favoriser la paix et renforcer sa sécurité
Chez Les Républicains, il a de tout temps été un empêcheur de penser en rond. L’ancien ministre et député du Vaucluse Thierry Mariani agit plus que jamais ces derniers temps en franctireur. Favorable à une union des droites et à un rapprochement tactique avec Marine Le Pen, il est aussi l’un des rares hommes politiques de l’Hexagone à porter un regard indulgent sur Bachar al-Assad, qu’il a rencontré à cinq reprises.
Vous contestez les frappes militaires en Syrie. Pourquoi ?
C’est une intervention illégale, sans aucun mandat international, lequel n’aurait pu être donné que par les Nations unies. Le chef de l’État l’estime « légitime » ,ce qui est un critère moral et non légal. Quand on est intervenu dans certains pays africains, notamment au Mali, il existait un mandat de l’ONU. Cette fois, en droit international, l’intervention est totalement illégale.
Pour vous, l’attaque chimique imputée au régime de Bachar al-Assad n’est pas prouvée…
Le problème, c’est que l’on est intervenu sur la base d’éléments que personne ne maîtrise. Le président de la République nous affirme avoir des preuves, mais on n’en a pas vu le moindre début de commencement. Les experts de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques ne devaient arriver que le lendemain de l’attaque. En fait, chacun devrait se poser une question : quel aurait été l’intérêt du président syrien, qui a gagné la bataille de la Ghouta, puisque % du territoire ont été repris, d’effectuer une attaque chimique sur des civils qui ne représentent aucune menace militaire ? Cela n’a aucun sens. Le gouvernement syrien est tout sauf idiot et savait bien qu’une attaque chimique entraînerait immédiatement des réactions de l’Occident. Il n’y a aucune preuve tangible à l’heure actuelle de cette attaque. En fait, tout cela profite à une seule partie : les djihadistes.
Quelle est aujourd’hui, selon vous, la meilleure conduite à tenir ?
Il faut faire en sorte que la guerre finisse au plus tôt. Aujourd’hui, l’Occident est un peu le mauvais joueur. Cela fait sept ans que le Quai d’Orsay nous explique que Bachar al-Assad va tomber. Mais que cela plaise ou non, son régime tient. Et il tient parce qu’il dispose d’un soutien populaire. Quand on va sur place, on peut le mesurer, même s’il existe aussi une vraie opposition, bien sûr. On ne gagne pas une guerre civile sans aucun soutien. Désormais, on sait très bien que le régime a gagné la guerre. L’Occident doit donc tout faire pour favoriser la paix. Ça consiste à arrêter tout soutien aux factions rebelles et à reprendre les relations avec Damas, comme l’ont déjà fait un certain nombre de pays européens. L’intérêt de la France
est de renforcer sa sécurité. On sait que les combattants de Daesh, s’ils ne sont pas tués sur place, reviendront en France et on a besoin de renseignements pour s’en protéger. Et les seuls qui peuvent nous renseigner sont les
Syriens. Dans l’intérêt de la paix, de la France comme des Syriens, nous devons donc tout faire pour mettre fin aux combats.