Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Accusé de viol, Philippe Caubère s’explique

En représenta­tion jusqu’à samedi à Toulon, le comédien visé par une plainte a reconnu une relation sexuelle, tout en niant les faits qui lui sont reprochés. Il dénonce une « attaque médiatique »

- PIERRE-MICKAËL AYI pmayi@nicematin.fr

Une plainte pour viol a été déposée, le 27 mars dernier, contre le comédien et metteur en scène Philippe Caubère, 67 ans. Et l’affaire a rebondi ce lundi, après l’ouverture d’une enquête préliminai­re par le parquet de Paris. De passage à Toulon pour trois représenta­tions au théâtre Liberté (lire ci-dessous), l’artiste né à Marseille a clamé son innocence : s’il ne nie pas la relation sexuelle, Philippe Caubère récuse les faits datant de 2010 reprochés par Solveig Halloin, une dramaturge âgée de 43 ans. Sur les fauteuils du théâtre toulonnais, le comédien affichait une mine abattue.

Les accusation­s de la plaignante ont été publiées dans le quotidien Contestezv­ous les faits énoncés ?

Le Parisien. Oui. C’est surréalist­e, je suis victime d’une accusation très grave. Je ne nie pas les rapports sexuels et sentimenta­ux. Je l’ai vue à Paris et elle a passé une soirée avec moi. Je l’ai draguée, c’est vrai, mais il m’a semblé que c’était mutuel. Pour tout ce qui concerne les actes de violences ou de menaces, c’est complèteme­nt faux. Je ne saurais pas faire ça.

Y a-t-il eu des échanges de SMS dès l’année  ?

Il est possible que je lui aie envoyé des textos de cul, oui (...) Il m’arrive parfois d’écrire des textos, un peu trop explicites, que je ne devrais pas écrire. Mais je ne l’ai pas traitée de “salope” ou de “pute” (propos rapportés dans la plainte, Ndlr). Franchemen­t, je réserve ça à mes amoureuses, sûrement pas à une personne que je ne connais pas. Les avez-vous conservés ? Les textos, je ne les ai pas. Mais les propos qu’elle me fait tenir sont faux. Je n’aurais pas insulté une fille que j’essaie de séduire.

La plaignante fait état d’une « emprise »…

Mais comment peut-on avoir une emprise sur une personne que l’on voit deux fois ? Et puis après tout, elle l’avait sur moi aussi : je la désirais, j’ai eu un coup d’amour pour elle. Elle peut dire tout ce qu’elle veut, vous savez. J’ai vu l’interview où elle pleure, c’est très impression­nant... Sauf que beaucoup de ses propos sont faux.

Avez-vous eu des relations sexuelles avec elle ?

Oui, mais elle tourne les choses d’une manière cauchemard­esque. Si je lis l’article du Parisien ,jeme dis : “Mais ce type est un fou, un sadique.” Or, j’ai eu des relations sexuelles avec elle, mais je ne l’ai jamais brutalisée. Elle dit que je ne bandais pas ? Eh bien oui c’est vrai, je suis du genre émotif : la première fois, j’ai peur, je suis inquiet, il faut que la confiance s’installe… Je suis sincèremen­t incapable de violence. C’est comme si on m’accusait d’avoir frappé un enfant.

Elle décrit aussi une pièce vouée aux plaisirs sexuels, dans votre appartemen­t de Saint-Mandé.

La descriptio­n de mon appartemen­t est complèteme­nt surréalist­e. J’ai un petit appartemen­t de  m, avec une chambre et un salon. Mais pas de pièce de torture, ni rien de tout ça.

Elle cite aussi une autre rencontre à Béziers, en … Elle m’a suivie dans ma chambre d’hôtel, à la fin de mon spectacle, elle m’a dit qu’elle m’aimait… J’ai pris ça pour de la drague, c’est vrai. Puis on a flirté, on a fait l’amour. Il n’y a eu aucun acte de violence.

Comment avez-vous appris votre mise en accusation ?

Je l’ai appris dimanche, au restaurant, à l’heure du déjeuner. Véronique, ma femme et productric­e, m’a prévenu d’un article sur une plainte déposée contre moi. On a encaissé, puis j’ai répété comme j’ai pu. Le journalist­e qui nous a prévenus disait : “C’est du même niveau que Tariq Ramadan. ”J’aicrûàun coup monté. Et ce matin [hier], j’ai compris que c’était du sérieux.

Vivez-vous cette plainte comme une atteinte à votre carrière ?

C’est une attaque médiatique, et je ne comprends pas pourquoi je l’apprends par les journaux (...) Ce doit être la rançon de la gloire. J’ai obtenu des récompense­s, des articles élogieux cette année. Je crains que ce soit surtout ça, l’époque

est propice à ce genre de choses.

Craignez-vous des annulation­s de représenta­tions ?

Oui, peut-être. Cette personne fait visiblemen­t tout pour me porter le maximum de tort. Il va falloir convaincre qu’il y a des choses qu’elle invente. Parfois, je peux avoir des comporteme­nts discourtoi­s, un manque d’attention… Mais jamais je ne pensais traumatise­r une femme de  ans, simplement parce que je l’ai draguée.

Payez-vous aussi vos tribunes médiatique­s antérieure­s ?

Il est vrai que j’ai eu des prises de position par rapport à la loi sur la prostituti­on (en avril , Ndlr). J’ai ouvertemen­t dit que j’étais un ancien client, que cette loi était inique et qu’elle se faisait au détriment des profession­nelles… Et puis je n’ai jamais caché que j’avais une vie sexuelle libre.

Allez-vous porter plainte pour diffamatio­n ?

Je ne sais pas, je me sens comme un enfant de  ans débarquant chez les adultes, je me pince pour y croire. Je vais voir avec mon avocate, je vais faire face. Je vis une épreuve morale. Ce qui m’inquiète, ce sont mes spectacles, il va falloir que je chasse ça de ma tête pour continuer à bien les jouer. Mes spectacles, c’est toute ma vie.

La suite ? Redoutez-vous une mise en examen ?

J’attends qu’on me convoque, je ne sais pas ce qu’est le contrôle judiciaire. Oui, j’ai peur. Je me retrouve devant un truc qui remet en cause mon travail et mon honneur. Je n’ai pas envie de faire un grand numéro (soupir) Je n’ai jamais considéré le sexe comme déshonoran­t, mais la violence oui.

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(Photo Dominique Leriche) Dans la tourmente, le comédien se présente seul sur la scène toulonnais­e.

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