Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Procès pour meurtre en appel : premiers jurés pris à témoins

L’accusé Sébastien Ribière a donné une version nouvelle, qui contredit son mobile supposé. La cour a pris connaissan­ce du sentiment des jurés du procès en premier ressort à Aix-en-Provence

- G. D.

La cour d’assises du Var a bouclé hier le huitième jour du procès en appel de Sébastien Ribière, pour le meurtre de Carine Desiles, dans la nuit du 7 au 8 juin 2011 à Marseille, et d’Alexandrin­e Brugerolle de Fraissinet­te, poursuivie pour le recel du cadavre de la victime. Tous deux avaient été acquittés lors du premier procès en avril 2016 à Marseille, et le parquet général avait fait appel. Hier, le chef de groupe de la brigade criminelle de la police judiciaire de Marseille a été longuement entendu sur la deuxième phase de l’enquête : à partir de l’interpella­tion des accusés jusqu’à la fin de l’instructio­n. Ce qui a donné l’occasion au président Guyon d’interroger plus avant le couple Ribière-Brugerolle de Fraissinet­te.

Nouvelle version

Il est ainsi apparu une nouvelle version donnée par Sébastien Ribière, sur les 500 grammes de cocaïne qu’il aurait laissés en dépôt chez Carine Desiles. Pour les enquêteurs, cette drogue pouvait être un mobile pour tuer la victime, dans la mesure où elle ne devait que garder ces stupéfiant­s à l’abri et les remettre à leur propriétai­re. Si elle avait décidé de détourner cette cocaïne à son profit, en annonçant à Sébastien Ribière se l’être fait voler, cela constituai­t à l’évidence un casus belli. « Si elle s’est retrouvée avec 500 grammes de cocaïne, c’est parce qu’elle me les avait demandés, a expliqué Sébastien Ribière. Elle était censée me payer quinze jours après. À mon avis, elle devait vouloir la détailler en paquets de 50 grammes pour la vendre, et je devais récupérer 25000 .»

Réaction d’acquitté au premier procès

La cour a également interrogé l’enquêteur sur une série d’auditions, à la demande de l’avocat général, après l’acquitteme­nt des accusés le 2 avril 2016 par les assises des Bouches-du-Rhône. Il s’agissait d’interroger les jurés sur une réaction qu’avait eue Sébastien Ribière, juste après le prononcé du verdict qui l’innocentai­t du meurtre de Carine Desiles, au moment où il s’était levé pour partir et franchissa­it la porte du box des accusés. « Je l’ai entendu crier : “Tiens Carine, prends ça”, a témoigné l’un des jurés. D’autres jurés l’ont vu faire un doigt d’honneur. » « Ça m’a fait penser que Ribière était peut-être coupable, ou en tout cas mêlé à cette affaire» , a commenté un autre. « Il a dit ça sur un ton revanchard, s’est souvenu un troisième. J’ai eu l’impression qu’il avait gagné une partie. » « J’ai été choquée et je me suis mise à pleurer, a raconté une jurée. Je me suis demandé si la cour avait pris une bonne décision. » Nul doute que la défense va ferrailler sur ces commentair­es. Aujourd’hui, la parole sera donnée aux avocats des parties civiles.

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(Croquis d’audience Rémi Kerfridin) Me Carla Sammartano et le bâtonnier Fabrice Giletta plaideront aujourd’hui pour les proches de la victime.

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