Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Dépôts illicites au Cap Sicié : carences fautives de la ville de Six-Fours

La cour administra­tive d’appel de Marseille a contraint le maire de faire usage de ses pouvoirs de police en matière d’environnem­ent à l’égard des propriétai­res victimes, dans un délai de deux mois

- P. POLETTO

Des tonnes de dépôts sauvages sur une zone naturelle protégée et une inertie fautive de la commune de Six-Fours. La cour administra­tive d’appel a estimé, dans sa décision du 13 mars que malgré de nombreuses plaintes, la commune avait commis une abstention fautive et que le préfet du Var – face à la carence du maire dont il a été informé – a commis une faute lourde, de nature à engager la responsabi­lité de l’État. Informés de la présence de centaines de mètres cubes de dépôts sauvages depuis 2005 par les propriétai­res, la commune de Six-Fours et la préfecture n’ont pas mis en oeuvre les moyens nécessaire­s pour faire cesser ces troubles sur une propriété privée.

De nombreuses plaintes sans suite

En 1988, lorsque les époux Rebhun achètent un terrain boisé de 3 hectares dans le site classé du Cap Sicié à Six-Fours, ils sont loin de s’imaginer que ce petit coin de paradis va se transforme­r en enfer... Durant des années, des quantités importante­s de matériaux de constructi­on vont être déposées sur la propriété. En toute illégalité. Sans autorisati­on des propriétai­res.

Évaluer les préjudices et identifier les auteurs

Malgré les multiples plaintes de ces derniers auprès des autorités communales et préfectora­les, les allées et venues des camions ne seront pas stoppées. Au point que trente ans après l’acquisitio­n, la justice administra­tive vient de reconnaîtr­e les carences en matière de pouvoirs de police. Le 13 mars, la cour administra­tive d’appel de Marseille, après renvoi du Conseil État du 13 octobre, a contraint le maire de la commune de SixFours de faire usage de ses pouvoirs de police en matière du code de l’environnem­ent à l’égard des propriétai­res victimes de ces dépôts sauvages dans un délai de deux mois. Le cas échéant, il est également demandé au préfet du Var de prendre les mesures nécessaire­s pour respecter la réglementa­tion relative aux déchets dans un délai de quatre mois.

Les juges ordonnent une expertise judiciaire

Les juges administra­tifs ont demandé qu’il soit procédé, en vue d’une indemnisat­ion, à une expertise contradict­oire avec la commune et l’État. Il s’agit de déterminer l’état de la propriété antérieure­ment au dépôt des déchets, d’évaluer le coût de la remise en état (enlèvement des déchets et reboisemen­t éventuel) et évaluer les préjudices des requérants. La cour impose aussi à la Ville d’identifier les responsabl­es des dépôts illicites depuis 2005 et d’évacuer les déchets dont elle est productric­e. Sont notamment visés ici les restes d’une passerelle communale dont la démolition a été confiée en 2004 à l’entreprise Masséna (lire ci-dessous). Les magistrats relèvent aussi que l’APLBS a également signalé aux autorités compétente­s l’existence de dépôts massifs de déchets de chantier sur la parcelle. L’expertise judiciaire est d’ores et déjà fixée au vendredi 4 mai. Elle devrait se dérouler à la fois à l’hôtel de ville et sur le terrain du Cap Sicié. 1. La décision est susceptibl­e d’appel dans un délai de deux mois. 2. Sur le plan pénal, le responsabl­e de la société a été relaxé par la cour d’appel d’Aixen-Provence. 2. Associatio­n pour la protection des sites et du littoral du Brusc et de la presqu’île du Cap Sicié.

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(Photo doc Var-matin) Site naturel exceptionn­el, le Cap Sicié, avec une vue imprenable, est très prisé des promeneurs.

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