Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Sexualité et handicap : « J’ai besoin de quelqu’un pour être mes mains »

- B.G-C

Jeudi après-midi, dans le cadre du festival Hispanoram­a, quatre classes de lycéens ont regardé le film « Vivir y otras ficciones », racontant l’histoire d’Antonio Centeno devenu tétraplégi­que à la suite d’un accident. Privé de toute vie sexuelle, il décide de faire appel à une prostituée militante pour le droit à l’assistance sexuelle et met en place un lieu dédié chez lui. Un film choc qui met en avant le choix d’Antonio, la volonté que l’on respecte ses droits fondamenta­ux. Selon certains étudiants, le film est dérangeant, trop tabou pour être abordable, pour d’autres il est une révélation, « découvrir le quotidien d’un handicapé, y compris sa vie sexuelle peut choquer mais cela permet d’ouvrir les yeux sur une réalité », selon Eline.

Le doute de certains jeunes

La solution trouvée par Antonio ne convient pas à certains de ces jeunes qui l’assimilent à de la prostituti­on. Pourtant, le soir, la question posée à l’acteur venu de Barcelone ne laisse aucune place au doute : « J’ai besoin de quelqu’un pour être mes mains, cela vaut pour tous les aspects de ma vie : le ménage, le repas, la douche et le sexe. Je ne lui demande pas de se déshabille­r, de prendre du plaisir, de faire l’amour avec moi si elle n’en a pas envie, juste de me permettre de faire ce que je voudrais faire avec mes mains : me caresser, m’aider à faire l’amour à quelqu’un d’autre. » En Catalogne d’ailleurs, le terme de «handicap» n’est plus utilisé par la plupart au profit de « diversité fonctionne­lle», la personne est «incluse dans la société, c’est le plus important, ne pas être considérée comme différente, mise dans une voiture différente, etc. Il faut nous inclure totalement, c’est une question de respect. L’État espagnol considère que, puisqu’elle paie pour nous offrir une assistante de vie, elle doit décider de la manière dont on veut vivre notre vie, ce n’est pas vrai, si j’ai envie de vivre une vie à risques, de faire les choses à ma manière c’est vraiment mon droit le plus fondamenta­l. C’est le regard infantilis­ant qui est le plus dur à vivre et ce qui différenci­e un enfant d’un adulte, c’est sa sexualité. » Selon lui, sa sexualité est devenue une question politique et non une tragédie personnell­e et c’est en ce sens qu’il mène un combat acharné et informe le public au travers de ce film mais aussi d’un documentai­re réalisé il y a trois années : « Yes, we fuck ».

 ?? (Photo B. G.-C.) ?? Entouré de membres « d’Agissez dans votre ville », de professeur­s d’espagnol, d’Olivia Goulley et Ellyn Colin Peno qui ont présenté le film au public et de Valentine Parent en troisième année de licence de langues, ancienne élève du lycée, Antonio...
(Photo B. G.-C.) Entouré de membres « d’Agissez dans votre ville », de professeur­s d’espagnol, d’Olivia Goulley et Ellyn Colin Peno qui ont présenté le film au public et de Valentine Parent en troisième année de licence de langues, ancienne élève du lycée, Antonio...

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