Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Maladie des valves, soigner sans « ouvrir » À la une

Réservé jusqu’à présent aux patients âgés inopérable­s, le traitement des valvulopat­hies par voie percutanée gagne du terrain

- NANCY CATTAN ncattan@nicematin.fr

Rétrécisse­ment aortique calcifié. Trois mots pour décrire une maladie très fréquente après 70 ans qui se manifeste essentiell­ement par un essoufflem­ent. « Au fil des années, la valve aortique, située à la sortie du ventricule gauche du coeur s’use ; elle se rigidifie, se calcifie, rétrécit, réalisant un obstacle au passage du flux sanguin. Ce qui à terme peut avoir des conséquenc­es graves : insuffisan­ce cardiaque sévère, oedème du poumon, syncope à l’effort… », résume le Dr Stéphane Lopez, chirurgien cardiaque (institut Arnault Tzanck, Saint-Laurent du Var) et co-organisate­ur avec le Dr Drogoul d’un congrès qui vient de réunir à Nice les meilleurs spécialist­es mondiaux de cette pathologie. La sévérité de la maladie, attestée par des examens échographi­ques, peut conduire les spécialist­es à proposer au patient une opération destinée à remplacer cette valve défectueus­e. « Longtemps le traitement a été uniquement chirurgica­l. Une interventi­on lourde, avec mise en place d’une circulatio­n extra-corporelle [système qui remplace temporaire­ment la fonction de pompe du coeur et la fonction d’oxygénatio­n des poumons, ndlr]. Et puis, une alternativ­e est apparue pour les patients à risque élevé et inopérable­s: l’implantati­on d’une valve aortique biologique par voie percutanée. » Plus nécessaire dès lors «d’ouvrir», puisque la valve est amenée au niveau du coeur, sous imagerie robotisée en passant par l’artère fémorale, sous anesthésie locale. « On a douté au départ que cela pouvait fonctionne­r, puisqu’on plaçait une nouvelle valve sur une valve usée, sans remplacer cette dernière!» En réalité, l’interventi­on s’est rapidement révélée très efficace, avec des résultats de plus en plus spectacula­ires, accompagna­nt les progrès techniques : plus de 90 % d’efficacité, sans complicati­ons significat­ives. En attente des dernières études, seuls les patients les plus graves ont bénéficié de cette technique, faute de données sur la performanc­e de ces valves à moyen et long terme, et chez les patients à risque modéré. Et peut-être aussi du coût, très élevé, de ces valves percutanée­s. Mais les temps changent. « On assiste à une nouvelle évolution, se réjouit le Dr Lopez: depuis la fin de l’année 2017, même les personnes à risque modéré, âgées de plus de 75 à 80 ans peuvent bénéficier de ce traitement. Des études sont en cours concernant le risque faible.» Reste un paramètre inconnu, la longévité de ces valves percutanée­s : « On ignore si elles dureront autant que celles implantées chirurgica­lement.» Aussi, pour les patients plus jeunes, le traitement de référence est toujours la chirurgie, avec la possibilit­é de retirer la valve usée pour la remplacer par une nouvelle valve. « Le choix du type de prothèse, biologique, mécanique, est un autre sujet de débat. Généraleme­nt, chez les patients très jeunes (moins de 60 ans), on privilégie les prothèses mécaniques, en carbone, qui ne s’usent pas, mais imposent un traitement à vie par des anticoagul­ants. Les valves biologique­s [fabriquées à partir de tissu animal, ndlr] permettent d’éviter ce traitement; mais du fait de leur durée de vie limitée, elles sont plutôt indiquées chez les patients plus âgés. » Chirurgie, voie percutanée, valve mécanique ou biologique… ce que l’on retient surtout, c’est qu’il est permis à des milliers de personnes à bout de souffle, de revivre.

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(DR) Les résultats sont spectacula­ires : plus de  % d’efficacité sans complicati­ons significat­ives.

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